Contrôles légaux des comptes annuels et des comptes consolidés
OBJECTIF : améliorer le marché intérieur du contrôle légal des comptes, de façon à favoriser la croissance des petits et moyens cabinets et lentrée de nouveaux acteurs.
ACTE PROPOSÉ : Directive du Parlement européen et du Conseil.
CONTEXTE : dans le contexte dune crise qui a conduit à engager 4.588,9 milliards EUR de fonds publics pour soutenir les banques entre octobre 2008 et octobre 2009, soit 39% du PIB de lUE-27 en 2009, il y a lieu daméliorer toutes les composantes du système financier. La qualité de l'audit des comptes est un facteur primordial pour rétablir la confiance placée dans le marché et ses acteurs. En fournissant des informations aisément accessibles et fiables sur les états financiers des sociétés, l'audit contribue à la protection des investisseurs. Il peut aussi réduire le coût auquel les sociétés auditées se financent, en leur permettant de disposer détats financiers plus transparents. En outre, la vérification des comptes par l'auditeur répond à une obligation légale.
Aujourdhui, le contrôle légal des comptes est partiellement réglementé dans lUE par la directive 2006/43/CE concernant les contrôles légaux des comptes annuels et des comptes consolidés. Toutefois, le haut degré de concentration du marché de laudit et la multitude de procédures dagrément à accomplir pour pouvoir fournir des services de contrôle légal des comptes dans un autre pays de l'Union empêchent les cabinets daudit de petite et moyenne taille de tirer parti du marché intérieur. Plusieurs problèmes sont recensés :
- la fragmentation des règlementations nationales se traduit par un haut niveau de contraintes administratives;
- lexercice transfrontière du contrôle légal des comptes nest autorisé que si lauditeur réussit un test daptitude et obtient son agrément et son enregistrement dans chacun des États membres concernés;
- il ny a pas de normes communes à léchelle de lUE en ce qui concerne les pratiques daudit, lindépendance et le contrôle interne des cabinets daudit;
- les normes daudit ne tiennent compte de la taille des sociétés auditées, notamment des PME;
- il existe des problèmes liés en matière de surveillance des entités qui ne sont pas dintérêt public.
La présente proposition de la Commission de modification de la directive 2006/43/CE vise à améliorer le marché intérieur du contrôle légal des comptes. Elle est parallèle à une proposition de règlement relatif aux exigences spécifiques applicables au contrôle légal des comptes des entités dintérêt public. Ces deux propositions sinscrivent dans le cadre de la réforme réglementaire en cours dans différents domaines du secteur financier.
ANALYSE DIMPACT : selon les conclusions de lanalyse dimpact, les meilleures solutions pour améliorer la situation consisteraient à:
- faciliter la reconnaissance transfrontière des compétences des prestataires de services daudit ;
- rationaliser les normes en matière de pratiques daudit, dindépendance et de contrôle interne des cabinets daudit dans lensemble de lUnion ;
- adapter les normes daudit à la taille de lentité auditée, en demandant aux États membres de permettre un audit proportionné et simplifié pour les PME.
BASE JURIDIQUE : article 50 du traité sur le fonctionnement de lUnion européenne (TFUE).
CONTENU : la proposition prévoit de modifier les dispositions relatives à lagrément et à lenregistrement des auditeurs et des cabinets daudit, les principes consacrés par la directive 2006/43/CE concernant léthique professionnelle, le secret professionnel, lindépendance et les informations à fournir, ainsi que les règles en matière de surveillance, qui restent applicables pour laudit des entités qui ne sont pas dintérêt public.
Les principales modifications quil est prévu dapporter à la directive concernant les contrôles légaux des comptes sont les suivantes:
Articulation entre la directive concernant les contrôles légaux des comptes et un nouvel instrument juridique concernant les exigences spécifiques à appliquer au contrôle légal des comptes des entités dintérêt public (EIP) : la proposition traite de lapplicabilité de la directive modifiée au contrôle légal des comptes des EIP, et les dispositions sur laccès au marché des auditeurs sappliquent aux contrôleurs légaux des comptes et cabinets daudit indépendamment du type dentité auditée. Pour les autres articles de la directive, la situation est toutefois différente: les dispositions sur lindépendance et lobjectivité, les honoraires daudit, les rapports daudit, lassurance qualité, les enquêtes et les sanctions ne sappliqueraient pas au contrôle légal des comptes des EIP. Sur ces questions, des règles spécifiques plus détaillées seraient instaurées dans le cadre du futur règlement.
Redéfinition du «contrôle légal des comptes» afin de tenir compte de la nouvelle directive comptable : cette définition continuera à couvrir les cas dans lesquels différents actes juridiques de lUnion imposent à certaines entreprises, selon leur forme juridique ou leur activité, de faire auditer leurs états financiers. Pour garantir lunicité de laudit, cette définition devrait également couvrir les cas dans lesquels les États membres décident dimposer cette obligation aux petites entreprises. Enfin, lorsquune petite entreprise décide volontairement de faire auditer ses états financiers, cet audit devrait aussi être considéré comme un contrôle légal des comptes.
Assouplissement des règles de propriété des cabinets daudit : la directive prévoit actuellement que la majorité des droits de vote dans un cabinet daudit doit être détenue par des praticiens agréés. La modification proposée supprime cette exigence et interdit aux États membres dexiger quun minimum de capital ou de droits de vote dans un cabinet daudit soit détenu par des contrôleurs légaux des comptes ou dautres cabinets daudit. La proposition maintient cependant lexigence en vigueur selon laquelle lorgane dadministration ou de direction dun cabinet daudit doit être composé en majorité de membres de cabinets daudit ou de contrôleurs légaux des comptes.
Passeport pour les cabinets daudit : la proposition de directive modifiée autoriserait les cabinets daudit à effectuer des contrôles légaux des comptes dans dautres États membres que celui où ils ont été agréés, sous réserve que lassocié principal conduisant laudit soit agréé en tant que contrôleur légal des comptes dans lÉtat membre concerné. Toutefois, une fois lapprobation obtenue dans lÉtat membre dorigine, lÉtat membre daccueil pourrait exiger une forme denregistrement des cabinets daudit issus dautres États membres.
Passeport pour les contrôleurs légaux des comptes et assouplissement des conditions dagrément : les modifications proposées en ce qui concerne lagrément des contrôleurs légaux des comptes issus dautres États membres sont alignées sur les dispositions de la directive 2005/36/CE relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles.
- La proposition autoriserait les contrôleurs légaux des comptes à proposer leurs services sur une base transfrontière à titre temporaire ou occasionnel. Les conditions énoncées dans la directive sur les qualifications professionnelles seraient applicables, et notamment lobligation dinformer les autorités compétentes de cette intention de prestation de services.
- Les États membres auraient la possibilité doffrir le choix entre un stage dadaptation et une épreuve daptitude à un contrôleur légal des comptes qui est agréé dans un autre État membre et qui souhaite créer un établissement stable sur leur territoire. Lépreuve devra viser à évaluer la connaissance qua le contrôleur légal des comptes des lois et réglementations de lÉtat membre concerné qui concernent les contrôles légaux des comptes.
- Durant le stage dadaptation, qui serait proposé en alternative à lépreuve daptitude, le demandeur serait autorisé à effectuer des contrôles légaux des comptes dans un État membre autre que celui où il est agréé, sous la responsabilité dun auditeur local. Le stage dadaptation aurait une durée de trois ans.
Coopération en ce qui concerne les exigences en matière de formation et lépreuve daptitude : afin de garantir une plus grande convergence des formations dauditeur au niveau de lUnion, les autorités nationales compétentes chargées de la supervision publique des contrôleurs légaux des comptes doivent coopérer. Une coopération au niveau de lUnion est également nécessaire pour harmoniser les exigences de lépreuve daptitude, de manière à rendre celle-ci plus prévisible et transparente.
Normes daudit et rapports daudit : la proposition prévoit dimposer aux États membres lobligation de veiller à ce que les contrôleurs légaux des comptes et les cabinets daudit respectent les normes internationales daudit.
Nouvelles règles concernant les autorités compétentes : à lheure actuelle, la directive concernant les contrôles légaux des comptes impose aux États membres dorganiser un système de supervision publique des contrôleurs légaux des comptes et des cabinets daudit. Selon la modification prévue, lautorité compétente chargée de la supervision publique devra être une autorité publique, qui sera aussi responsable de lagrément, de lenregistrement et de lassurance qualité. Lautorité publique chargée de la supervision pourra néanmoins déléguer, sous certaines conditions, certaines de ses tâches à dautres autorités ou organismes, étant entendu que lautorité compétente assumera la responsabilité ultime.
Interdiction de certaines clauses contractuelles : la proposition interdit les clauses autorisant un tiers à suggérer, recommander ou exiger la désignation, par lentité contrôlée, dun contrôleur légal des comptes ou dun cabinet daudit particulier.
Règles spéciales concernant le contrôle légal des comptes des petites et moyennes entreprises : en vertu de la proposition récente de la Commission, les petites entreprises ne seraient plus tenues, en droit de lUE, de faire auditer leurs états financiers, même si les États membres pourront toujours lexiger. Cette obligation continuera toutefois à sappliquer aux entreprises de moyenne taille.
Pour les audits des entreprises de taille moyenne effectués en vertu du droit de lUE, la directive modifiée impose aux États membres de veiller à lapplication des normes daudit selon des modalités adaptées à la taille de ces entreprises.
INCIDENCE BUDGÉTAIRE : la proposition na pas dincidence sur le budget de lUE.
ACTES DÉLÉGUÉS : la proposition contient des dispositions habilitant la Commission à adopter des actes délégués conformément à larticle 290 du traité sur le fonctionnement de lUnion européenne.