Menaces transfrontières graves sur la santé
OBJECTIF : établir une initiative européenne destinée à lutter contre les menaces transfrontières graves pour la santé.
ACTE PROPOSÉ : Décision du Parlement européen et du Conseil.
CONTEXTE : de nombreuses activités liées à la planification de la préparation et de lintervention et à lévaluation des risques relative aux maladies transmissibles, mais aussi aux menaces pour la santé dorigine chimique et aux événements causés par le changement climatique, ont été soutenues au plan européen, notamment via lactuel réseau de surveillance épidémiologique et de contrôle des maladies transmissibles (voir Décision 2119/98/CE du Parlement et du Conseil instaurant un réseau de surveillance épidémiologique et de contrôle des maladies transmissibles dans la Communauté). LUE dispose notamment de politiques, de mécanismes et dinstruments permettant la prévention et le contrôle des menaces transfrontières graves et le développement de capacités de gestion des crises (mécanisme de protection civile de lUE, Fonds de cohésion et de solidarité, plan daction de lUE en matière de sécurité chimique, biologique, radiologique et nucléaire et réseaux dalerte européens comme Ecurie).
Afin déviter les chevauchements avec ces domaines et la duplication des structures actuelles de prévention et de contrôle des catastrophes, il a été procédé à une analyse des écarts afin de déterminer dans quelle mesure les systèmes existants assuraient la surveillance et la notification des menaces pour la santé et lévaluation des risques y afférents, et pour vérifier leurs capacités et structures de gestion des crises touchant à la santé publique. Cette analyse a révélé que les structures et mécanismes actuels au niveau de lUE ne traitent pas ces menaces assez efficacement sur le plan de la santé publique.
Cette lacune est source de disparités dans la manière dapprécier le danger que représente une menace donnée, débouche sur la redondance des évaluations menées dans les différents États membres et conduit à ladoption de mesures incohérentes à léchelle de lUnion. Cette situation peut aussi entraîner lutilisation inefficace des ressources limitées actuellement disponibles.
Bien quil incombe aux États membres de gérer les crises de santé publique à léchelon national, aucun pays ne peut à lui seul combattre une crise internationale en matière de santé publique. Au niveau de lUE, les dispositions juridiques régissant la lutte contre les menaces transfrontières graves pour la santé ont été renforcées par le traité de Lisbonne. LUE peut désormais adopter des mesures dans ce domaine, pour compléter et appuyer les politiques nationales et encourager la coopération entre les États membres.
Cest la raison pour laquelle, il est proposé de créer un nouvel instrument destiné à intensifier la coopération et à renforcer la coordination dans le domaine de la notification et de lévaluation des risques. Lobjectif est de rationaliser et renforcer les capacités et les structures de lUnion européenne afin de répondre efficacement aux menaces transfrontières graves pour la santé, quelle quen soit la nature : menaces liées à des événements causés par des maladies transmissibles ou des agents biologiques, menaces dorigine chimique ou environnementale ou encore menaces dues aux effets du changement climatique.
ANALYSE DIMPACT : la Commission a procédé à lanalyse détaillée de 3 options:
- Option 1: statu quo maintien du niveau actuel des activités;
- Option 2: gestion séparée et distincte des menaces transfrontières graves pour la santé - renforcement de la coopération au sein de lUE grâce à lutilisation dinstruments non contraignants dans le cadre dune démarche volontaire;
- Option 3: constitution dun cadre juridique commun de lUE couvrant lensemble des menaces transfrontières graves pour la santé, fondé sur une meilleure coopération et des mesures juridiquement contraignantes.
Les résultats de lanalyse ont abouti à la conclusion que loption 3 avait les effets les plus positifs en matière de santé, car elle contribuait à améliorer la protection des citoyens contre les menaces transfrontières graves pour la santé.
BASE JURIDIQUE : article 168, par. 4, point c), et par. 5 du traité sur le fonctionnement de lUnion européenne (TFUE).
CONTENU : la présente proposition établit les règles relatives à la surveillance des menaces transfrontières graves pour la santé, à lalerte en cas de telles menaces et à la lutte contre celles-ci, ainsi que celles relatives à la planification de la préparation et de lintervention liées à ces activités. Elle vise à favoriser la prévention de maladies humaines graves et la lutte contre leur propagation transfrontière dans les États membres, et à prévenir dautres sources majeures de menace transfrontière grave pour la santé afin de contribuer à un niveau élevé de protection de la santé publique dans lUnion.
Champ dapplication : la proposition sapplique dans les cas de menaces transfrontières graves pour la santé relevant des catégories suivantes:
- menaces dorigine biologique, comprenant: i) les maladies transmissibles ; ii) la résistance aux antimicrobiens et les infections sanitaires connexes ; iii) les biotoxines ou autres agents biologiques toxiques non liés aux maladies transmissibles;
- les menaces dorigine chimique à lexception des menaces résultant des rayonnements ionisants;
- les menaces dorigine environnementale, y compris les menaces liées aux effets du changement climatique;
- les menaces dorigine inconnue;
- les événements pouvant constituer des urgences de santé publique de portée internationale déterminées conformément au règlement sanitaire international (2005).
Structure générale : le système de surveillance sarticule autour des 4 grands domaines suivants :
1) dans le domaine de la planification de la préparation, la proposition prévoit la coordination des efforts des États membres en ce qui concerne lamélioration de la préparation et le renforcement des capacités. À cette fin, la Commission assurera la coordination entre les systèmes de planification nationaux et entre les secteurs clés, tels que le transport, lénergie et la protection civile. Dans le cadre de cette planification, il est prévu dinstituer une procédure conjointe de passation de marché relative à des contre-mesures médicales au niveau de lUE, auquel les parties contractantes pourraient participer à titre volontaire pour acheter des contre-mesures médicales, par exemple des vaccins contre la grippe pandémique, ce qui permettrait à lUE dêtre mieux préparée aux futures pandémies ;
2) la mise en place dun réseau de surveillance épidémiologique afin de fournir les informations et données nécessaires à lévaluation des risques : ce réseau ad hoc serait mis en place lorsquun État membre signalera une menace grave autre quune maladie transmissible. Les maladies transmissibles continueront à être surveillées comme actuellement ;
3) lutilisation du système actuel dalerte précoce et de réaction pour quil couvre toutes les menaces graves pour la santé, et pas uniquement les maladies transmissibles comme cest le cas aujourdhui ;
4) la réalisation coordonnée dévaluations nationales ou européennes des risques que présentent pour la santé les menaces dorigine biologique, chimique, environnementale ou inconnue en situation de crise.
Réaction sanitaire européenne : la proposition établit en outre un cadre cohérent régissant la réaction de lUE en cas de crise de santé publique. Concrètement, en officialisant le comité de sécurité sanitaire existant, lUE sera mieux à même de coordonner les réactions nationales en cas durgence de santé publique. Une procédure de mobilisation et de coordination de la réaction européenne face à une menace sanitaire grave est ainsi proposée. Ainsi, si un État membre a lintention dadopter des mesures de santé publique pour lutter contre une menace transfrontière grave pour la santé, il doit, avant dadopter ces mesures, consulter les autres États membres et la Commission au sujet de la nature, de lobjet et du champ dapplication des mesures. Les mesures prises sont alors décidées, par voie dactes dexécution.
Sont également prévues les mesures spécifiques suivantes :
- des mesures communes et temporaires de santé publique, pour lutter contre la propagation dune menace transfrontière grave pour la santé entre les États membres ou à lensemble de lUnion ;
- des mesures destinées à répondre en commun à une situation durgence et de grippe pandémique à léchelle de lUnion, en proposant un système une procédure spécifique à cet effet ;
- des accords internationaux avec des pays tiers ou des organisations internationales qui permettent et organisent la coopération avec ces pays tiers ou ces organisations internationales en ce qui concerne des menaces transfrontières graves pour la santé.
INCIDENCE BUDGÉTAIRE : la proposition na pas dincidence sur les agences décentralisées. Le programme actuel de lUE en matière de santé comprend déjà des activités liées à la surveillance, à lalerte et à lévaluation des risques en ce qui concerne certaines menaces pour la santé. Après 2013, la Commission a lintention dinclure ces activités dans le programme «Santé en faveur de la croissance» proposé pour la période 2014-2020. Les coûts correspondants seront compris dans lenveloppe proposée pour le nouveau programme.
ACTES DÉLÉGUÉS : le pouvoir dadopter des actes délégués conformément à larticle 290 du TFUE devrait être conféré à la Commission en ce qui concerne les mesures nécessaires pour compléter laction des États membres, dans des situations durgence très spécifiques, à légard des aspects transnationaux de la lutte contre les menaces transfrontières graves pour la santé. Afin de garantir des conditions uniformes dexécution de la présente proposition, les compétences dexécution seraient conférées à la Commission en vue de ladoption dactes dexécution en ce qui concerne:
- les procédures de coordination,
- déchange dinformation et de consultation mutuelle en matière de planification de la préparation et de lintervention;
- ladoption dune liste de maladies transmissibles couvertes par le réseau de surveillance épidémiologique et les procédures dexploitation dudit réseau;
- la création et la dissolution de réseaux de veille ad hoc et les procédures dexploitation de ces réseaux;
- ladoption de définitions de cas applicables aux menaces transfrontières graves pour la santé;
- les procédures dexploitation du système dalerte précoce et de réaction;
- les procédures de coordination des réactions des États membres;
- la reconnaissance des situations durgence au niveau de lUnion ou des situations pré-pandémiques en ce qui concerne la grippe humaine au niveau de lUnion.