Statut de la société coopérative européenne
La Commission présente un rapport sur lapplication du règlement (CE) n° 1435/2003 du Conseil relatif au statut de la société coopérative européenne (SCE). La directive 2003/72/CE du Conseil relative à limplication des travailleurs dans la SCE (directive SCE) complète le règlement SCE. La date limite pour ladaptation de la législation nationale au règlement et à la directive applicables aux SCE était fixée au 18 août 2006.
Dans sa communication du 25 octobre 2011 sur linitiative du secteur social, la Commission a déclaré quen fonction des résultats de la consultation publique, elle pourrait proposer de simplifier le règlement de manière à le rendre plus indépendant des législations nationales et à simplifier la constitution de coopératives sociales. Les résultats de la consultation publique servent de fondement au présent rapport.
Application du statut: en novembre 2011, 24 SCE étaient immatriculées dans les 30 États membres de lUE/EEE, et se répartissaient comme suit: cinq en Italie, sept en Slovaquie, une en France, une au Liechtenstein, une aux Pays-Bas, une en Espagne et une en Suède, trois en Hongrie, deux en Allemagne et deux en Belgique. Le règlement SCE devait entrer en vigueur en 2006. Toutefois, la grande majorité des États membres nont pas respecté ce délai. En décembre 2011, trois États membres navaient toujours pas pris les mesures nécessaires pour assurer lapplication effective du règlement.
Tendance générale : selon les organisations professionnelles, il nexiste pas de tendance générale sappliquant à toutes les coopératives. Au moment de décider de lopportunité de créer une coopérative nationale ou une SCE, lun des éléments les plus importants à prendre en considération est la fiscalité. Le statut de la SCE ne réglemente toutefois pas la fiscalité, étant donné que cette dernière est régie par la législation du pays où la SCE est installée.
La consultation avec les parties concernées a mis en évidence plusieurs problèmes rencontrés dans lapplication du règlement SCE. Ceux-ci ont trait aussi bien à la constitution quà lexploitation dune SCE.
Outre la fiscalité, la méconnaissance de la SCE dans les milieux daffaires est le principal problème rencontré lors de la constitution dune SCE. Les coûts de constitution, la complexité des procédures à suivre (en raison des nombreux renvois à la législation nationale) et lincertitude juridique quant à la question de savoir quelle législation sapplique dans chaque cas constituent les principaux aspects négatifs.
Un certain nombre de parties concernées considèrent également le capital minimal requis, fixé à 30.000 EUR, comme un obstacle, du moins pour les personnes physiques qui souhaitent créer de petites SCE afin de mener des activités de coopération transfrontalières. En revanche, le fait de disposer de suffisamment de capitaux montre le sérieux dune entreprise.
Certaines des personnes interrogées considèrent les règles relatives à limplication des travailleurs comme étant dissuasives, car, de leur avis, elles sont trop lourdes et complexes et jugées disproportionnées lorsque seuls quelques travailleurs sont concernés.
Raisons de léchec relative du statut: les personnes ayant participé à la consultation affirment que le statut SCE a relativement échoué, non seulement parce quil est complexe, mais aussi et surtout parce que les entreprises qui choisissent de fonctionner comme une coopérative ont tendance à être bien ancrées dans leur région.
Lécrasante majorité des coopératives sont de petites entreprises opérant à lintérieur des frontières nationales. Un certain nombre dorganisations de parties concernées doutent donc que le statut SCE offre un quelconque avantage. En outre, les personnes qui constituent des coopératives ont tendance à sappuyer sur leur propre législation nationale, quelles connaissent mieux.
Daucuns soulignent également que le règlement SCE a été mis en uvre avec beaucoup de retard (en effet, avec plusieurs années de retard) dans de nombreux États membres, même dans des pays comme la France, lItalie et lEspagne, où le mouvement coopératif est très fort.
Nécessité dune simplification : les parties concernées sont unanimes pour dire que le règlement SCE a sérieusement besoin dêtre simplifié sil doit être plus largement utilisé par les entreprises, grandes et petites. En raison de ses nombreux renvois à la législation nationale, ce type de règlement noffre pas de réel avantage aux coopératives.
Étant donné que très peu de SCE ont été constituées et que le règlement est entré en vigueur avec beaucoup de retard, la Commission ne dispose pas déléments suffisants lui permettant de tirer des conclusions claires. Le rapport formule toutefois les remarques suivantes:
- La question de savoir sil convient de permettre à une SCE davoir son siège principal ou son administration centrale dans un pays différent que celui où elle a son siège statutaire ne semble pas être un sujet de préoccupation pour le mouvement coopératif.
- La question de savoir sil convient dautoriser les statuts de la SCE à sécarter de la législation locale sur les coopératives intéresse toutes les parties concernées. Les avis sont partagés sur la nécessité daccorder aux SCE davantage dautonomie par rapport à la législation nationale. La majorité des personnes interrogées pensent que le règlement SCE devrait laisser aux membres des coopératives la possibilité de choisir le modèle et la structure de gouvernance qui serviront le mieux leurs objectifs et leurs besoins. Avec une telle autonomie cependant, une SCE risque de sécarter des principes et valeurs du modèle dentreprise coopérative. Les personnes interrogées ont également déclaré que les SCE ne devraient pas être exemptées des règles obligatoires concernant la protection des droits des membres des communautés minoritaires ou des travailleurs.
- Les questions sur la division dune SCE en plusieurs coopératives nationales et sur les voies de recours en cas dannulation dune fusion ne semblent pas préoccuper les coopératives, En décembre 2011, il apparaissait quaucune SCE navait été constituée par fusion.
La Commission a lintention de consulter les parties concernées sur la nécessité et la façon de simplifier le règlement SCE. À cette fin, elle organise deux grandes conférences en vue de célébrer lAnnée internationale des coopératives 2012 proclamée par lONU. À cette occasion, la Commission demandera aux parties concernées :
- sil convient de simplifier les articles en supprimant et remplaçant les renvois au droit des sociétés publiques et
- sil est possible de rendre le règlement SCE plus indépendant des législations nationales.
Dans un contexte plus large, la question des formes juridiques européennes, telles que la SE ou la SCE, et la nécessité de procéder à leur révision participent également de la réflexion en cours sur lavenir du droit des sociétés de lUE. Les fruits de cette réflexion aideront la Commission à évaluer cette nécessité et, le cas échéant, à évaluer les instruments à mettre en uvre afin doffrir une réponse au monde des affaires en Europe, qui demande des conditions de concurrence plus équitables, une meilleure réglementation et une simplification.