Protection des consommateurs: litiges transfrontaliers, coopération administrative et judiciaire (Règlement relatif à la coopération en matière de protection des consommateurs)
La Commission a présenté un rapport relatif à lapplication du règlement (CE) n° 2006/2004 relatif à la coopération en matière de protection des consommateurs»). Le rapport couvre les années 2009 et 2010. Il porte essentiellement sur les activités du réseau CPC mis en place par le règlement et examine, notamment, les mesures qui ont été prises pour corriger les défauts recensés dans le rapport bisannuel de la Commission de 2009.
Réseau CPC : dans lensemble, le réseau a traité un nombre de cas comparable à celui traité au cours de la période de référence précédente, soit quelque 540 demandes dinformation ou de mesures visant à mettre un terme à une infraction constatée. On observe, en revanche, une nette diminution du nombre dalertes (une «alerte» est un message envoyé par une autorité aux autres autorités concernées pour les informer quelle a constaté ou a de bonnes raisons de soupçonner - lexistence dune infraction à la législation relative à la protection des consommateurs).
Les infractions les plus couramment traitées par le réseau concernent les dispositions relatives aux pratiques publicitaires mensongères ou trompeuses, qui relèvent de la directive 2005/29/CE relative aux pratiques commerciales déloyales. Viennent ensuite les infractions aux dispositions de la directive sur le commerce électronique.
Réalisations : le rapport constate que le réseau CPC est entré dans une phase de consolidation et de stabilisation de ses activités. Les principales réalisations au cours de la période de référence sont les suivantes:
- les problèmes de mise en route des premières années (problèmes de connexion et autres problèmes techniques liés à lutilisation de la base de données, par exemple) ont été résolus;
- à force dutiliser loutil informatique et les nouvelles procédures, les autorités ont fini par se faire la main et par utiliser plus efficacement les outils de coopération établis par le règlement CPC;
- les «coups de balai», coordonnés et surveillés par la Commission, sont devenus des activités à part entière du réseau et ont donné à ce dernier un certain retentissement grâce aux activités médiatiques correspondantes;
- le réseau examine et prévoit ses activités concertées dans les plans daction annuels;
- lorganisation des formations a été améliorée: celles-ci sont fondées sur des programmes de formation annuels et sont dispensées par des formateurs nationaux organisés en réseau;
- petit à petit, la convergence des modalités de coopération par lintermédiaire du réseau fait son chemin, grâce aux débats qui se tiennent dans les ateliers et à lexpérience pratique acquise au cours des quatre années dactivité;
- les lignes directrices sur le fonctionnement de la CPC, élaborées par la Commission sur la base des conclusions dun atelier qui a eu lieu en décembre 2009, fournissent aux agents habilités des conseils pratiques sur le fonctionnement du réseau et sur la manière délaborer des demandes dassistance mutuelle en vertu du règlement CPC.
Faiblesses du système : en dépit de la consolidation incontestable, ces deux dernières années, des activités du réseau CPC, celui-ci ne fonctionne manifestement pas encore à plein régime. En létat actuel des choses, neuf États membres tout au plus peuvent être considérés comme des utilisateurs actifs du système depuis le début.
- Le nombre dautorités qui nutilisent pas activement les mécanismes de coopération mis en place par le règlement CPC demeure élevé.
- Les modalités dutilisation des outils de coopération établis par le règlement ne sont pas comprises de la même façon par tous les membres du réseau, en dépit de lexistence de modalités communes et de documents dorientation
- Le réseau nest pas parvenu à se créer une «identité propre» et reste avant tout un réseau virtuel qui nexiste quà travers un outil informatique commun
- La législation nationale sur la protection des consommateurs varie dun État membre à lautre, ce qui tend à allonger les procédures et complique la coopération
- Peu dinformations sont communiquées sur les cas résolus par le réseau, même à lintérieur de celui-ci, ce qui peut donner limpression que le réseau ne remplit pas sa mission.
Évaluation : les difficultés rencontrées par les autorités dans certains cas pourraient donner une première indication de la nécessité dadapter le cadre législatif établi par le règlement CPC, de manière à renforcer le contrôle de lapplication de la législation à léchelle transnationale, certes, mais aussi de revoir les procédures nationales à la lumière du cadre de CPC, de telle sorte que les autorités puissent atteindre pleinement les objectifs du règlement.
La modification dordre technique de lannexe du règlement CPC, adoptée en 2011, a amélioré la clarté juridique en ce qui concerne la liste des dispositions auxquelles les mécanismes de coopération sappliquent. Cependant, il nexiste pas, à ce jour, déléments suffisants pour entamer une révision plus poussée du règlement. Lévaluation par la Commission des années de référence démontre, au contraire, que nombre des difficultés rencontrées par le réseau peuvent être réglées dans le cadre juridique existant.
Il convient donc dacquérir plus dexpérience et dobtenir plus dinformations pour mieux se prononcer sur la nécessité de réviser le règlement, le cas échéant, et sur la manière de sy prendre. Il y a lieu, notamment, de sattarder sur la question du champ dapplication du règlement et de se demander sil convient de mentionner dautres actes législatifs dimportance dans lannexe. Par ailleurs, lattribution des ressources requises aux autorités restera un enjeu de taille dans les années à venir et conditionnera le bon fonctionnement du réseau.
Mesures à prendre : la priorité de la Commission sera de corriger, en coopération étroite avec les États membres, les défauts du cadre législatif existant. La Commission a recensé les chantiers à court et à moyen terme suivants:
- Poursuivre la consolidation du réseau par lamélioration des fonctions de son outil informatique et veiller à ce que les agents habilités soient formés par le réseau des formateurs et à ce que les modalités dapplication facilitent le traitement homogène et rapide des demandes dassistance mutuelle.
- Maintenir le financement des activités communes afin de continuer à encourager léchange de pratiques exemplaires et denseignements acquis.
- Continuer, en concertation avec les autorités, à faire converger les méthodes appliquées pour veiller à lapplication de la législation en la matière grâce à des ateliers, aux activités communes et aux «coups de balai».
- Améliorer davantage la planification des activités du réseau.
- Le réseau doit trouver des moyens plus efficaces pour déterminer les priorités en la matière au niveau européen et rassembler : i) les informations de première main obtenues auprès des consommateurs et disponibles au niveau national, dune part, et ii) les données provenant doutils tels que le tableau de bord des marchés de consommation, la nouvelle base de données des réclamations et la base de données du réseau des CEC, dautre part. En ce qui concerne les «coups de balai» à léchelle de lUnion, un groupe dautorités réfléchit actuellement à des solutions pour mieux repérer les menaces qui se présentent sur linternet et permettre au réseau de prendre les mesures qui simposent.
- Prendre des mesures pour améliorer la notoriété du réseau CPC. Là aussi, un groupe dautorités travaille actuellement à lélaboration dune stratégie de communication interne et externe qui serait appliquée sous la forme de programmes de communication approuvés par le comité CPC. Le groupe a déjà abouti aux premiers résultats concrets: un bulletin dinformation, transmis aux autorités deux fois par an.
Dans une perspective à plus long terme, la Commission continue dévaluer le cadre de coopération et les procédures établis par le règlement CPC, en vue de déterminer si certaines des difficultés rencontrées par le réseau nécessitent une intervention législative.