Libre circulation des travailleurs: mesures facilitant l’exercice des droits conférés aux travailleurs
OBJECTIF : améliorer lapplication de la législation européenne sur le droit des citoyens de lUnion européenne de se rendre dans un État membre autre que le leur pour y travailler et donc permettre à ces personnes de mettre mieux en pratique leurs droits conférés par larticle 45 du TFUE.
ACTE PROPOSÉ : Directive du Parlement européen et du Conseil.
RÔLE DU PARLEMENT EUROPÉEN : le Parlement européen décide conformément à la procédure législative ordinaire sur un pied dégalité avec le Conseil.
CONTEXTE : la libre circulation des travailleurs est lune des quatre libertés fondamentales sur lesquelles le marché unique est fondé. Cest une des valeurs de base de lUnion et un élément fondamental de la citoyenneté européenne. Larticle 45 du TFUE consacre le droit des citoyens de lUnion européenne de se rendre dans un État membre autre que le leur pour y travailler. Il prévoit explicitement le droit de ne pas subir de discrimination fondée sur la nationalité en ce qui concerne laccès à lemploi, la rémunération et les autres conditions de travail.
Il prévoit aussi la suppression des entraves injustifiées à la libre circulation des travailleurs sur le territoire de lUnion.
Le règlement (UE) n° 492/2011 précise les droits découlant de la libre circulation des travailleurs et énonce les domaines particuliers dans lesquels la discrimination fondée sur la nationalité est interdite, à savoir: i) laccès à lemploi, ii) les conditions de travail, iii) les avantages sociaux et fiscaux, iv) laccès à la formation, v) laffiliation syndicale, vi) le logement, vii) laccès des enfants à lenseignement.
Larticle 45 du TFUE et le règlement (UE) n° 492/2011 sont directement applicables dans tout État membre.
Il reste que les citoyens de lUnion qui souhaitent se rendre ou qui se rendent dans un autre État membre pour y travailler continuent de se voir entraver dans lexercice de leurs droits. Les difficultés quils rencontrent expliquent en partie pourquoi la mobilité dun État membre à lautre reste relativement limitée: selon une enquête européenne, en 2011, seuls 3,1% des citoyens européens en âge de travailler (de 15 à 64 ans) vivaient dans un État membre autre que le leur.
En avril 2009, le Parlement européen a adopté une résolution sur lidentification des entraves subsistantes à la mobilité sur le marché intérieur du travail. Il invitait notamment la Commission à dresser une liste des obstacles à lexercice des droits des citoyens de lUnion, sur la base des conclusions dune consultation publique, et à proposer des solutions pour supprimer ces obstacles. Plus récemment, dans une autre résolution sur les mesures dencouragement à la mobilité des travailleurs à lintérieur de lUnion européenne, le Parlement demandait à la Commission et aux États membres «de garantir [ ] lapplication correcte de la législation en vigueur en matière de non-discrimination, dadopter des mesures pratiques visant à faire respecter le principe dégalité de traitement des travailleurs mobiles [ ]» et pointait la fracture existant entre les droits théoriques des citoyens de lUnion et la réalité.
Il existe ainsi plusieurs exemples dobstacles et de problèmes à la libre circulation :
- linobservation du droit de lUnion par les pouvoirs publics (législation non conforme ou mal appliquée) et ses conséquences pour les travailleurs migrant dans lUE ;
- linobservation du droit de lUnion par les employeurs et les conseillers juridiques ;
- le défaut daccès des travailleurs migrant dans lUE aux informations ou aux moyens leur permettant de faire respecter leurs droits.
Face à lensemble des problèmes recensés, il est proposé de prévoir un cadre législatif pour réduire lincidence des pratiques abusives dont sont victimes les travailleurs migrant dans lUnion, et leur fournir les moyens de faire valoir leurs droits.
ANALYSE DIMPACT : conformément à sa stratégie consistant à mieux légiférer, la Commission a étudié lincidence de plusieurs pistes daction, sur la base dune étude externe, achevée en avril 2012.
Chacune des pistes daction comprend plusieurs possibilités, en fonction du degré dintervention de lUnion:
- Option 1 : statu quo,
- Option 2 : introduction de changements sans légiférer,
- Option 3 : adoption dun acte législatif.
Lanalyse dimpact a démontré la nécessité dune initiative législative contraignante pour obtenir une incidence tangible sur lexercice des droits liés à la libre circulation.
La piste privilégiée est celle dune directive conjuguée à dautres initiatives, telles que des lignes directrices communes sur des sujets précis, qui seraient adoptées par le comité technique sur la libre circulation des travailleurs créé par le règlement (UE) n° 492/2011. Un document dorientation commun serait consacré à la question particulière de lapplication de la législation de lUnion dans le domaine de la libre circulation des travailleurs.
BASE JURIDIQUE : article 46 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE).
CONTENU : la directive proposée vise à améliorer et à favoriser lapplication de larticle 45 du TFUE et du règlement (UE) n° 492/2011 sur tout le territoire de lUnion européenne par létablissement dun cadre général commun de dispositions et de mesures appropriées en faveur dune meilleure application, plus uniforme, des droits conférés par la législation de lUnion aux travailleurs et aux membres de leur famille exerçant leur droit de circuler librement.
Champ dapplication : la proposition ne modifie pas le champ dapplication du règlement (UE) n° 492/2011. Elle ne sapplique quaux cas de discrimination fondée sur la nationalité en ce qui concerne les aspects faisant lobjet dudit règlement et prévoit des dispositions en matière de protection, dinformation et dassistance. Elle sous-tend la garantie de légalité de traitement et améliore les voies de recours en cas dentraves injustifiées à ladmissibilité et à laccès à lemploi des travailleurs exerçant leur droit de circuler librement sur le territoire de lUnion européenne.
Dans ce contexte, la directive proposée concerne les aspects suivants:
- laccès à lemploi,
- les conditions demploi et de travail, notamment en matière de rémunération et de licenciement,
- le bénéfice des avantages sociaux et fiscaux,
- laffiliation syndicale,
- laccès à la formation,
- laccès au logement,
- laccès des enfants des travailleurs à lenseignement.
Mesures destinées à faire respecter les droits : la proposition de directive impose, notamment, les obligations légales suivantes:
- garantir des voies de recours : la proposition de directive entend garantir aux travailleurs migrant dans lUE une voie de recours appropriée à léchelon national. Tout travailleur migrant à lintérieur de lUnion qui sestime victime de discrimination fondée sur la nationalité doit pouvoir engager des poursuites administratives et/ou judiciaires en vue de faire sanctionner le comportement discriminatoire ; la directive proposée prévoit en particulier des voies de recours judiciaires et extrajudiciaires, notamment des procédures de règlement extrajudiciaire des litiges telles que la conciliation et la médiation ; les délais pour former un recours devront être tels quils ne pourront être considérés comme étant de nature à rendre quasiment impossible ou excessivement difficile lexercice des droits conférés par la législation de lUnion sur la libre circulation des travailleurs ;
- renforcer le rôle des associations, des organisations et des autres personnes morales : la proposition entend protéger davantage les travailleurs en offrant la possibilité aux associations, organisations et autres personnes morales ayant un intérêt légitime à défendre les droits consacrés par la libre circulation des travailleurs dengager des poursuites administratives ou judiciaires au nom ou en soutien de travailleurs migrant dans lUE dont les droits ont été enfreints;
- prévoir la mise en place de structures dinformation : la directive proposée favoriserait la mise en place des structures ou des organismes à léchelon national qui défendront lexercice du droit de circuler librement en informant les travailleurs souhaitant exercer ce droit et en secondant et en aidant ceux qui font lobjet de discrimination fondée sur la nationalité lorsquils lexercent ; la proposition détaille en particulier les tâches et missions dévolues à ces structures dinformation ;
- sensibiliser : la proposition entend également sensibiliser les employeurs, les travailleurs et tous les autres intéressés en leur fournissant des informations utiles aisément accessibles. La future directive laisserait aux États membres le choix des outils dinformation, mais elle imposerait la fourniture dinformations en ligne ou dinformations numériques assorties de liens vers les outils dinformation européens existants, les sites web «LEurope est à vous» et EURES ;
- renforcer les mesures de dialogue : la directive entend enfin favoriser le dialogue avec les organisations non gouvernementales concernées et les partenaires sociaux qui ont, en vertu de leur législation et pratiques nationales, un intérêt légitime à contribuer à la lutte contre la discrimination fondée sur la nationalité.
INCIDENCE BUDGÉTAIRE : la directive proposée devrait avoir une incidence limitée sur le budget de lUnion. Les frais de létude dévaluation qui sera menée en 2015 ne devraient pas dépasser 300.000 EUR et seront financés par les fonds qui seront disponibles sur la ligne budgétaire consacrée à la libre circulation des travailleurs, à la coordination des systèmes de sécurité sociale et à laction en faveur des migrants, y compris des migrants de pays tiers.
Les frais en ressources humaines (131.000 EUR par an) seront financés par la rubrique 5 du cadre financier pluriannuel.