Médicaments à usage pédiatrique
La Commission présente un rapport général sur les enseignements à tirer de lapplication du règlement (CE) n° 1901/2006 relatif aux médicaments à usage pédiatrique, cinq ans après lentrée en vigueur du règlement.
Le rapport conclut quil est trop tôt pour tirer un bilan ferme. Malgré plus de cinq années dapplication, les véritables retombées du règlement sur la santé des enfants ne se manifesteront quau fil du temps, à mesure que les enseignements à plus long terme saccumuleront. Des signes encourageants peuvent néanmoins être décelés.
Recherches de meilleure qualité et plus sûres : avant lentrée en vigueur du règlement pédiatrique, de nombreuses sociétés pharmaceutiques considéraient que leur principal marché était la population dâge adulte. Les recherches sur lutilisation potentielle dun médicament pour adultes sur la population pédiatrique étaient fréquemment reléguées au second plan, voire totalement ignorées. Depuis que le règlement a instauré lobligation pour ces sociétés détudier chaque nouveau médicament (pour adultes) afin den déterminer lutilisation pédiatrique potentielle, la situation sest inversée.
Fin 2012, lAgence avait approuvé 600 plans dinvestigation pédiatrique, dont 453 portaient sur des médicaments qui nétaient pas encore autorisés dans lUE; les autres plans concernaient de nouvelles indications de médicaments protégés par un brevet ou des autorisations de mise sur le marché en vue dun usage pédiatrique.
Davantage de médicaments disponibles pour les enfants : en douze ans (de 1995 à 2006), 108 des 317 indications de 262 médicaments ayant bénéficié dune autorisation centralisée ont englobé la population pédiatrique. Depuis lentrée en vigueur du règlement pédiatrique, 31 nouveaux médicaments sur 152 au total ont été autorisés pour un usage pédiatrique. Ces chiffres sont susceptibles daugmenter à lavenir, car un nombre considérable des nouveaux médicaments déjà autorisés fait actuellement lobjet dun plan dinvestigation dont lachèvement a été reporté afin déviter des retards dans lautorisation des médicaments pour adultes. Dans les prochaines années, une fraction sensiblement accrue de ces 152 nouveaux médicaments devrait donc obtenir une autorisation pour lusage pédiatrique.
Augmentation des informations sur les médicaments utilisés chez les enfants : depuis 2008, plus de 18.000 rapports détude sur environ 2.200 médicaments ont été soumis, ce qui atteste la quantité substantielle dinformations pédiatriques disponibles dans les sociétés.
Le rapport note que si le règlement constitue un puissant catalyseur pour lamélioration de la situation des jeunes patients, certaines faiblesses et lacunes sont également apparues durant les cinq années écoulées. Leurs répercussions sur les performances globales du règlement doivent être surveillées attentivement :
- Laccès aux traitements : depuis 2008, plus de 600 plans dinvestigation pédiatrique ont été approuvés. Toutefois, seule une petite partie dentre eux sont terminés à lheure actuelle, tandis que la procédure suit son cours pour une écrasante majorité. Cette situation sexplique par les longs cycles de conception des médicaments, qui durent couramment plus dune décennie, et par le report pratiquement systématique des études pédiatriques. Le nombre élevé de reports nétait pas prévu à lorigine, mais il constitue aujourdhui une réalité, étant entendu que pour la plupart des médicaments autorisés jusquà présent, le programme de R-D avait commencé avant lentrée en vigueur du règlement. Par conséquent, les exigences pédiatriques nont pu être prises en considération dès le début de la conception des médicaments.
En outre, daucuns ont critiqué le règlement en arguant quil ne réussirait pas à produire des avancées décisives dans des domaines où les besoins pédiatriques sont particulièrement aigus, tels que loncologie pédiatrique. Cet argument tient au fait que les médicaments concernés ciblent principalement des pathologies rencontrées chez les adultes et sont conçus dans des domaines où il existe un besoin (ou un marché) pour la population adulte, besoin qui ne correspond pas nécessairement à ceux de la population pédiatrique.
De surcroît, le règlement accorde des dérogations lorsque la maladie ou laffection au traitement desquelles le médicament concerné est destiné nexistent que chez les populations adultes. Cette stratégie législative suscite des frictions dans le cas de maladies qui se rencontrent spécialement et exclusivement chez les enfants.
- Le concept de lautorisation de mise sur le marché en vue dun usage pédiatrique : en guise dincitation à mener des recherches sur lusage pédiatrique potentiel de médicaments qui ne sont pas protégés par un brevet et ont été autorisés pour les adultes, cette autorisation offre huit ans dexclusivité des données et dix ans dexclusivité commerciale à tout nouveau médicament non protégé par un brevet qui a été élaboré exclusivement aux fins de lutilisation auprès de la population pédiatrique.
Le concept de lautorisation de mise sur le marché en vue dun usage pédiatrique na pas, à ce jour, répondu aux attentes initiales. À ce jour, une seule autorisation de mise sur le marché en vue dun usage pédiatrique a été délivrée et quelques autres projets sont en cours.
À lavenir, lAgence européenne des médicaments acceptera les plans dinvestigation pédiatrique tendant à lobtention dune autorisation de ce type qui ne couvrent que certaines tranches dâge, et non la population pédiatrique tout entière. Une partie des réserves qui grèvent actuellement une meilleure mise en pratique de ce concept pourrait ainsi être levée.