Utilisation d'outils et de processus numériques dans le droit des sociétés
OBJECTIF: proposer de nouvelles règles relatives au droit des sociétés pour fournir un plus grand éventail de solutions numériques aux sociétés au sein du marché unique.
ACTE PROPOSÉ: Directive du Parlement européen et du Conseil.
RÔLE DU PARLEMENT EUROPÉEN: le Parlement européen décide conformément à la procédure législative ordinaire sur un pied dégalité avec le Conseil.
CONTEXTE: les entreprises utilisent de plus en plus doutils numériques dans leurs activités et elles doivent aussi interagir avec les autorités publiques.
Dans sa version actuelle, le droit des sociétés (directive (UE) 2017/1132 du Parlement européen et du Conseil) prévoit certains éléments de numérisation, tels que lobligation faite aux États membres de mettre à disposition en ligne les renseignements sur les sociétés de capitaux inscrites dans les registres centraux, du commerce et des sociétés. Toutefois, ces exigences sont limitées et manquent de précision, ce qui conduit à une mise en uvre très variable au niveau national.
En outre, certains processus numériques, tels que limmatriculation en ligne des sociétés, ne sont pas prévus du tout par le droit de lUnion, et seuls quelques États membres le proposent au niveau national. Labsence de règles relatives à limmatriculation, au dépôt dactes et dinformations et à la publication en ligne, ou les différences de telles règles entre les États membres, entraînent des coûts et des contraintes inutiles pour les entrepreneurs qui souhaitent créer une nouvelle société, étendre leurs activités en faisant immatriculer une filiale ou une succursale, ou accomplir certaines démarches en ligne.
Le plan daction 2016-2020 pour ladministration en ligne a reconnu spécifiquement limportance daméliorer la possibilité dutilisation doutils numériques pour satisfaire aux exigences liées au droit des sociétés. La proposition de règlement sur le portail numérique unique souligne limportance des outils et des processus numériques pour aider les entreprises à tirer pleinement profit du marché unique.
Dans sa résolution de 2017 sur le plan daction pour ladministration en ligne, le Parlement européen a invité la Commission à promouvoir des solutions numériques pour les formalités que doivent accomplir les entreprises tout au long de leur cycle de vie.
ANALYSE DIMPACT: trois grandes questions relatives à lutilisation des outils numériques en droit des sociétés ont été examinées:
- immatriculation des sociétés en ligne et dépôt dactes et dinformations au registre des entreprises: loption privilégiée prévoirait des règles sur limmatriculation en ligne des sociétés et des succursales, ainsi que sur le dépôt en ligne des documents relatifs aux sociétés dans tous les États membres;
- transmission multiple des mêmes informations par les entreprises: loption privilégiée vise à la simplification par lintroduction de règles imposant aux États membres de garantir que lorsque le registre reçoit certaines données de la société, il les envoie ensuite au registre de tout autre État membre dans lequel la société dispose dune succursale;
- accès en ligne aux informations sur les entreprises contenues dans les registres des entreprises: loption privilégiée propose délargir lensemble de données sur les entreprises que doivent fournir gratuitement tous les registres des entreprises, tout en laissant aux États membres la possibilité de facturer encore des frais pour dautres informations.
CONTENU: la proposition vise à compléter les règles existantes de droit des sociétés de lUE, qui sont codifiées dans la directive (UE) 2017/1132.
Concrètement, la proposition:
- garantit la reconnaissance obligatoire des moyens didentification électronique des citoyens de lUE délivrés dans un autre État membre qui sont conformes à le-IDAS, tout en permettant aux États membres de reconnaître dautres moyens didentification. Pour prévenir la fraude et les pratiques abusives, elle permet aux États membres dexiger que les personnes concernées se présentent physiquement devant une autorité compétente, mais uniquement en cas de soupçon réel fondé sur des motifs raisonnables;
- impose aux États membres de veiller à ce que les règles relatives aux frais applicables à limmatriculation et au dépôt dactes et dinformations en ligne soient transparentes et appliquées de manière non discriminatoire; les frais facturés par les registres ne devraient pas dépasser les coûts administratifs de la prestation du service; les paiements pour laccomplissement de procédures en ligne pourraient être effectués sur une base transfrontière au moyen de systèmes généralement accessibles;
- garantit que les personnes qui souhaitent créer et exploiter des sociétés et succursales dans un autre État membre aient facilement accès à toutes les informations pertinentes concernant limmatriculation et le dépôt dactes et dinformations;
- impose aux États membres doffrir la possibilité dimmatriculer les sociétés en ligne sans que le demandeur, ou son représentant, nait à se présenter en personne devant toute autorité compétente ou tout autre organisme ou personne. Les États membres pourraient se soustraire à cette obligation pour les sociétés anonymes. Un délai général maximum de cinq jours ouvrables est fixé pour laccomplissement du processus dimmatriculation des sociétés en ligne;
- établit un cadre juridique permettant aux États membres de demander aux autres États membres des informations concernant les administrateurs révoqués. Les autorités nationales pourraient ainsi s'appuyer sur les informations détenues par leurs homologues concernant les dirigeants déchus;
- exige des États membres quils garantissent la mise à disposition de solutions entièrement en ligne pour la transmission des informations nécessaires au registre tout au long du cycle de vie des sociétés, de la même manière que pour leur immatriculation en ligne;
- introduit lobligation pour les États membres de garantir quun demandeur tiers peut obtenir auprès des registres des extraits électroniques authentifiés au moyen de services de confiance;
- permet, grâce à lapplication du principe «une fois pour toutes», déviter aux entreprises de devoir présenter plusieurs fois les mêmes informations à des autorités différentes au cours du cycle de vie d'une entreprise;
- instaure limmatriculation en ligne ainsi que le dépôt en ligne pour les succursales, de la même manière que pour les sociétés;
- exige que les États membres sinforment mutuellement, via le système dinterconnexion des registres des entreprises, des fermetures de succursales immatriculées dans un État membre autre que celui où est immatriculée la société.
INCIDENCE BUDGÉTAIRE: la proposition devrait avoir certaines incidences budgétaires, du moins pour certains États membres qui pourraient devoir adapter leurs systèmes informatiques aux nouvelles dispositions. Toutefois, ces coûts de démarrage seraient compensés à moyen et long terme par les économies de temps et de ressources que réaliseraient les administrations nationales. Il ny a pas dincidence sur le budget de lUnion.