Information et consultation des travailleurs: institution d'un comité d'entreprise européen ou d'une procédure dans les entreprises de dimension communautaire et les groupes d'entreprises. Refonte
Le présent rapport examine la mise en uvre par les États membres de la directive de refonte 2009/38/CE concernant linstitution dun comité dentreprise européen et énonce les mesures de suivi que la Commission envisage de prendre.
Objectifs de lévaluation: le dialogue social à tous les niveaux doit être au cur de la réponse apportée par lEurope aux processus qui affectent profondément le monde du travail comme la numérisation, la mondialisation et lévolution démographique. Les comités dentreprise européens permettent daméliorer la communication entre les travailleurs et la direction centrale des sociétés multinationales. Ils permettent de prévenir ou datténuer les effets négatifs de la restructuration sur les conditions demploi et de travail, à travers le rôle décisif quils jouent dans lanticipation et la gestion des changements.
La directive de refonte permet de créer des comités dentreprise européens dans le but dinformer et de donner un avis sur les questions transnationales au sein des entreprises multinationales comptant au moins 1000 travailleurs au sein de lEspace économique européen (EEE) et, dans au moins deux États membres différents, au moins 150 travailleurs dans chacun deux.
Lobjet de lévaluation est dexaminer la transposition et la mise en uvre de la directive de refonte dans les États membres, ainsi que les effets de celles-ci sur: i) la création de comités dentreprise européens; ii) leffectivité des droits dinformation et de consultation transnationales des travailleurs; et iii) les améliorations du cadre juridique. Lévaluation examine également la pertinence, la cohérence, lefficacité et la valeur ajoutée pour lUE de la directive de refonte.
Principales conclusions: la Commission a examiné la mise en uvre de la directive de refonte dans tous les États membres et les pays de lEEE et effectué son analyse sur la base des données et des informations recueillies auprès de différentes sources, notamment une étude externe, les partenaires sociaux européens et nationaux, les praticiens des comités dentreprise européens, des instituts de recherche et des experts en droit du travail.
Le rapport note en particulier ce qui suit:
- la grande majorité des États membres ont correctement transposé la législation de lUE. La plupart des parties prenantes ont jugé que la directive avait amélioré la clarté du cadre juridique. Dans la pratique, il reste des problèmes à régler, en particulier en matière de négociation ou de mise en application des dispositions des accords constitutifs des comités dentreprise européens au niveau des entreprises;
- la directive a insufflé un certain élan à la mise en place de comités dentreprise européens et à la renégociation des accords de comités dentreprise européens existants, mais sans inverser la tendance à la baisse en termes de création de comités dentreprise européens. Une vingtaine de comités dentreprise européens ont été créés chaque année depuis la mise en uvre de la directive, principalement dans des entreprises ayant leur siège social en France, en Suède et aux États-Unis. Globalement, ce sont la France, lAllemagne et le Royaume-Uni qui abritent la plupart des comités dentreprise européens. La taille moyenne des entreprises qui mettent en place des comités dentreprise européens sest réduite par rapport à la législation précédente;
- la directive a amélioré linformation pour les travailleurs en termes de qualité et de portée, mais elle sest avérée moins efficace en ce qui concerne la consultation. Les comités dentreprise européens sont perçus par les employeurs comme des outils utiles. Il existe toutefois une diversité de situations dans les États membres lorsquil sagit de la capacité des comités dentreprise européens à agir en justice;
- la directive de refonte nimpose pas dobligations administratives, financières et juridiques dune façon qui représenterait une charge disproportionnée pour les entreprises. Elle est jugée pertinente par lensemble des parties prenantes et la nécessité de développer davantage le dialogue transnational est reconnue par les partenaires sociaux;
- enfin, la directive fournit un cadre juridique au niveau de lUE pour favoriser lorganisation de linformation et de la consultation transnationale au sein des entreprises, lesquelles auraient sinon un caractère purement volontaire et se dérouleraient dans un vide juridique.
Réponses politiques au niveau de lUE: selon le rapport, les problèmes suivants nécessitent une action au niveau de lUE: i) le nombre limité de nouveaux comités dentreprise européens; ii) lefficacité de la procédure de consultation; iii) la nécessité de partager et déchanger les bonnes pratiques existantes; et iv) des défauts dans la mise en uvre et lapplication de certaines dispositions de la directive.
Les recommandations suivantes sont formulées:
Améliorer létablissement et le fonctionnement des comités dentreprise européens au moyen dun guide pratique: la Commission propose de créer et de diffuser un guide pratique pour les praticiens des comités dentreprise européens. Elle entend élaborer ce document dorientation en 2018, en coopération avec les partenaires sociaux et avec lappui dexperts et de praticiens. Ce faisant, elle recueillera des exemples de bonnes pratiques et des exemples spécifiques daccords conclus dans des entreprises multinationales, susceptibles dêtre diffusés dans toute lUnion.
Mobiliser les instruments de financement de lUE pour appuyer les comités dentreprise européens: chaque année, la Commission lance un appel à propositions pour financer les activités destinées à développer limplication des travailleurs dans les entreprises. Une priorité spécifique liée aux comités dentreprise européens sera incluse dans le premier appel à propositions émis après la publication du guide. Elle proposera un soutien financier aux partenaires sociaux pour la mise en place de projets visant à médiatiser et à encourager lutilisation de ce guide pratique par les parties prenantes. Elle pourra également financer des initiatives soutenant la mise en uvre des exigences juridiques existantes.
Veiller à la mise en uvre de la directive de refonte dans les États membres: la Commission continuera de soutenir les États membres dans leurs efforts pour améliorer la mise en uvre des dispositions de la directive, et facilitera les échanges entre les États membres, notamment en ce qui concerne la conception de sanctions «effectives, proportionnées et dissuasives» applicables en cas de violation des dispositions de la directive.