État des relations politiques entre l’Union européenne et la Russie
La commission des affaires étrangères a adopté un rapport dinitiative de Sandra KALNIETE (PPE, LV) sur létat des relations politiques entre lUnion européenne et la Russie.
Les députés rappellent que lUnion reste ouverte à une relation renforcée et au dialogue y conduisant et quelle souhaite revenir à des relations de coopération avec la Russie, lorsque les autorités russes auront respecté leurs obligations juridiques et internationales et prouvé lengagement véritable de la Russie à rétablir la confiance rompue.
Défis et intérêts partagés
Tout en condamnant loccupation et lannexion illégales de la Crimée, ainsi que la violation continue par la Russie de lintégrité territoriale de la Géorgie et de la Moldavie, les députés ont souligné que lUnion ne pouvait envisager de reprendre progressivement le cours normal de ses relations avant que la Russie ne mette pleinement en uvre laccord de Minsk et ne rétablisse complètement lintégrité territoriale de lUkraine.
Étant donné que dans les circonstances actuelles, la Russie ne peut plus être considérée comme un «partenaire stratégique», les députés sont davis que laccord de partenariat et de coopération devrait être reconsidéré. Ils déclarent que tout cadre pour les relations entre lUnion et la Russie devrait être fondé sur le plein respect du droit international, des principes dHelsinki de lOSCE, des principes démocratiques, des droits de lhomme et de létat de droit, et permettre le dialogue en vue de relever les défis mondiaux, de renforcer la gouvernance mondiale et dassurer lapplication des règles internationales.
Les députés ont condamné limplication de la Russie dans laffaire Skripal et dans des campagnes de désinformation et des cyberattaques menées par les services de renseignement russes visant à déstabiliser les infrastructures de communication publiques et privées et à accroître les tensions au sein de lUnion et de ses États membres. Ils sinquiètent des liens entre le gouvernement russe et les partis et gouvernements dextrême droite et nationalistes populistes de lUnion, comme en Hongrie. Ils rappellent également que lingérence dacteurs étatiques russes dans la campagne référendaire sur le Brexit fait actuellement lobjet dune enquête par les autorités britanniques.
Droits de lhomme et sanctions
Les députés regrettent la détérioration significative de la situation des droits de lhomme et les restrictions généralisées et injustifiées des droits à la liberté dexpression, dassociation et de réunion pacifique en Russie et sinquiètent du fait que la Russie manifeste quelle est prête à utiliser la force militaire contre dautres nations par des actions concrètes, notamment larmement nucléaire avancé. Ils condamnent la répression constante du gouvernement contre la dissidence et la liberté des médias de même que les déclarations incitant à la violence contre les personnes LGBTI. Ils condamnent également les pratiques de blanchiment dargent, les activités financières illégales et les autres moyens de guerre économique de la Russie.
Bien que la position de lUnion soit ferme et cohérente en ce qui concerne les sanctions de lUnion à lencontre de la Russie, qui se prolongeront tant que les violations russes du droit international se poursuivront, les députés estiment que son approche en matière de politique étrangère et de sécurité de lUnion vis-à-vis de la Russie nécessite une meilleure coordination. Ils invitent les États membres, dans ce contexte, à mettre fin à leurs programmes de «visas et passeports dorés», lesquels profitent aux oligarques russes qui soutiennent souvent le Kremlin et peuvent compromettre lefficacité des sanctions internationales.
Le rapport condamne également les activités de la Russie dans la mer dAzov dans la mesure où elles constituent une violation du droit maritime international et des engagements internationaux de la Russie.
Domaines dintérêt commun
Les députés rappellent leur soutien aux cinq principes directeurs de la politique de lUnion envers la Russie et demandent que le principe de lengagement sélectif soit mieux défini. Ils recommandent de mettre laccent les questions liées à la région du Moyen-Orient et de lAfrique du Nord et à la région du Nord et de lArctique, au terrorisme, à lextrémisme violent, à la non-prolifération, à la maîtrise des armements, à la stabilité stratégique dans le cyberespace, à la criminalité organisée, à la migration et au changement climatique, y compris les efforts communs visant à sauvegarder le plan daction global commun approuvé par le Conseil de sécurité des Nations unies et lIran et à mettre un terme à la guerre en Syrie.
Ils recommandent également de mettre fin au projet de gazoduc Nord Stream 2 qui accroît la dépendance européenne vis-à-vis de lapprovisionnement en gaz russe.
Recommandations
Le rapport plaide en faveur ;
- dun soutien politique et financier permanent aux relations interpersonnelles en général, et, en particulier, aux militants de la société civile, aux défenseurs des droits de lhomme, aux blogueurs, aux médias indépendants, aux journalistes dinvestigation, aux universitaires et personnalités publiques qui sexpriment ouvertement et aux ONG ;
- dun accroissement des contacts interpersonnels axées sur les jeunes, dun dialogue et une coopération renforcés entre experts, chercheurs, sociétés civiles et autorités locales de lUnion et de la Russie, ainsi que dune intensification des échanges détudiants, de stagiaires professionnels et de jeunes, notamment dans le cadre dErasmus+ ;
- de la libération inconditionnelle de tous les défenseurs des droits de lhomme et des autres personnes détenues pour avoir exercé pacifiquement leurs droits à la liberté dexpression, de réunion et dassociation ;
- dune intensification des efforts de lUE pour accroître leur résilience, en particulier dans les domaines de linformatique et des médias, y compris les mécanismes de détection et de lutte contre lingérence dans les élections; les députés réclament lélaboration dun cadre juridique contraignant, tant au niveau de lUnion quau niveau international, pour faire face à la guerre hybride et pour permettre à lUnion de réagir fermement aux campagnes qui menacent la démocratie ou létat de droit ;
- dune unité plus ferme entre les États membres et une communication plus claire des lignes rouges de la part de lUnion;
- de la mise en place dun mécanisme à léchelle de lUnion permettant dexaminer le financement des partis politiques et de prendre des mesures en conséquence afin déviter que certains partis et mouvements ne soient utilisés pour déstabiliser le projet européen de lintérieur.
Le rapport demande instamment à la Commission et au Service européen pour laction extérieure (SEAE) de préparer sans délai une proposition législative pour une loi Magnitsky à léchelle de lUnion (le régime mondial de sanctions de lUnion européenne en matière de droits de lhomme), qui permettrait dimposer des interdictions de visas et des sanctions ciblées, comme le gel des avoirs et des intérêts relevant de la compétence de lUnion à lencontre de fonctionnaires ou de personnes agissant dans lexercice de leurs fonctions officielles et qui sont responsables dactes de corruption ou de violations graves des droits de lhomme.