État des relations politiques entre l’Union européenne et la Russie
Le Parlement européen a adopté par 402 voix pour, 163 contre et 89 abstentions, une résolution sur létat des relations politiques entre lUnion européenne et la Russie.
Le Parlement a rappelé que lUnion restait ouverte à une relation renforcée et au dialogue y conduisant et quelle souhaite revenir à des relations de coopération avec la Russie, lorsque les autorités russes auront respecté leurs obligations juridiques et internationales et prouvé lengagement véritable de la Russie à rétablir la confiance rompue.
Défis et intérêts partagés
Tout en condamnant loccupation et lannexion illégales de la Crimée, ainsi que la violation continue par la Russie de lintégrité territoriale de la Géorgie et de la Moldavie, les députés ont souligné que lUnion ne pouvait envisager de reprendre progressivement le cours normal de ses relations avant que la Russie ne mette pleinement en uvre laccord de Minsk et ne rétablisse complètement lintégrité territoriale de lUkraine.
Étant donné que dans les circonstances actuelles, la Russie ne peut plus être considérée comme un «partenaire stratégique», les députés sont davis que laccord de partenariat et de coopération devrait être reconsidéré. Ils ont déclaré que tout cadre pour les relations entre lUnion et la Russie devrait être fondé sur le plein respect du droit international, des principes démocratiques, des droits de lhomme et de létat de droit, et permettre le dialogue en vue de renforcer la gouvernance mondiale et dassurer lapplication des règles internationales.
Les députés ont condamné limplication de la Russie dans laffaire Skripal et ont rappelé lingérence dacteurs étatiques russes dans la campagne référendaire sur le Brexit qui fait actuellement lobjet dune enquête par les autorités britanniques. La réponse de lUnion à la campagne de propagande russe et aux attaques massives et directes de désinformation a été insuffisante et devrait être renforcée, en particulier avant les prochaines élections européennes de mai 2019. Le financement et les ressources humaines de la task force européenne East StratCom devraient en ce sens être augmentés de façon significative.
Les députés sinquiètent également des liens entre le gouvernement russe et les partis et gouvernements dextrême droite et nationalistes populistes de lUnion et du soutien que la Russie apporte aux régimes et pays autoritaires tels que la Corée du Nord, lIran, le Venezuela, la Syrie, Cuba, le Nicaragua et dautres, ainsi que de la manière dont elle persiste à bloquer toute action internationale par lexercice de son droit de véto au sein du Conseil de sécurité des Nations unies.
Droits de lhomme et sanctions
Les députés ont regretté la détérioration significative de la situation des droits de lhomme et les restrictions généralisées et injustifiées des droits à la liberté dexpression, dassociation et de réunion pacifique en Russie et se sont inquiétés du fait que la Russie manifeste quelle est prête à utiliser la force militaire contre dautres nations par des actions concrètes, notamment larmement nucléaire avancé. Ils ont condamné la répression constante du gouvernement contre la dissidence et la liberté des médias de même que les déclarations incitant à la violence contre les personnes LGBTI. Ils ont également condamné les pratiques de blanchiment dargent, les activités financières illégales et les autres moyens de guerre économique de la Russie.
Le Parlement a souligné quun dialogue constructif exigeait une unité plus ferme entre les États membres et une communication plus claire des lignes rouges de la part de lUnion. Il a déclaré que lUnion devrait se tenir prête à adopter de nouvelles sanctions, y compris des sanctions individuelles ciblées et une restriction de laccès aux finances et aux technologies, si les violations du droit international par la Russie se poursuivent. Dans ce contexte, les députés ont invité les États membres à mettre fin à leurs programmes de «visas et passeports dorés», lesquels profitent aux oligarques russes qui soutiennent souvent le Kremlin et peuvent compromettre lefficacité des sanctions internationales.
Le Parlement a demandé instamment à la Commission et au Service européen pour laction extérieure (SEAE) de préparer sans délai une proposition législative pour une loi Magnitsky à léchelle de lUnion, qui permettrait dimposer des interdictions de visas et des sanctions ciblées, comme le gel des avoirs, à lencontre de fonctionnaires ou de personnes agissant dans lexercice de leurs fonctions officielles et qui sont responsables dactes de corruption ou de violations graves des droits de lhomme.
Domaines dintérêt commun
Les députés rappellent leur soutien aux cinq principes directeurs de la politique de lUnion envers la Russie et demandent que le principe de lengagement sélectif soit mieux défini. Ils recommandent de mettre laccent les questions liées à la région du Moyen-Orient et de lAfrique du Nord et à la région du Nord et de lArctique, au terrorisme, à lextrémisme violent, à la non-prolifération, à la maîtrise des armements, à la stabilité stratégique dans le cyberespace, à la criminalité organisée, à la migration et au changement climatique, y compris les efforts communs visant à sauvegarder le plan daction global commun approuvé par le Conseil de sécurité des Nations unies et lIran et à mettre un terme à la guerre en Syrie.
Ils suggèrent également de mettre fin au projet de gazoduc Nord Stream 2 qui accroît la dépendance européenne vis-à-vis de lapprovisionnement en gaz russe.
Recommandations
Le Parlement a plaidé, entre autres, en faveur ;
- dun soutien politique et financier permanent aux relations interpersonnelles en général, et, en particulier, aux militants de la société civile, aux défenseurs des droits de lhomme, aux blogueurs, aux médias indépendants, aux journalistes dinvestigation, aux universitaires et personnalités publiques qui sexpriment ouvertement et aux ONG ;
- dun accroissement des contacts interpersonnels axées sur les jeunes, dun dialogue et une coopération renforcés entre experts, chercheurs, sociétés civiles et autorités locales de lUnion et de la Russie, ainsi que dune intensification des échanges détudiants, de stagiaires professionnels et de jeunes, notamment dans le cadre dErasmus+ ;
- de la libération inconditionnelle de tous les défenseurs des droits de lhomme et des autres personnes détenues pour avoir exercé pacifiquement leurs droits à la liberté dexpression, de réunion et dassociation ;
- dune intensification des efforts de lUE pour accroître leur résilience, en particulier dans les domaines de linformatique et des médias, y compris les mécanismes de détection et de lutte contre lingérence dans les élections;
- de la mise en place dun mécanisme à léchelle de lUnion permettant dexaminer le financement des partis politiques et de prendre des mesures en conséquence afin déviter que certains partis et mouvements ne soient utilisés pour déstabiliser le projet européen de lintérieur.