Menaces transfrontières graves sur la santé
Le Parlement européen a adopté par 594 voix pour, 85 contre et 16 abstentions, des amendements à la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil concernant les menaces transfrontières graves pour la santé et abrogeant la décision nº 1082/2013/UE.
La question a été renvoyée à la commission compétente, aux fins de négociations interinstitutionnelles.
Les principaux amendements adoptés en plénière portent sur les points suivants :
Objectif et champ dapplication
La proposition prévoit un cadre juridique plus solide et plus complet permettant à lUnion de réagir rapidement et de déclencher la mise en uvre de mesures de préparation et de réaction aux menaces transfrontières pour la santé dans toute lUnion européenne.
Selon les députés, la crise du COVID-19 a montré quil était nécessaire dagir davantage au niveau de lUnion pour soutenir la coopération entre les États membres, en particulier entre les régions frontalières. Le règlement devrait respecter les approches «Une seule santé» et «La santé dans toutes les politiques» et veiller à ce quà lavenir, en cas durgence sanitaire, la détection et le traitement dautres maladies graves, ainsi que les interventions sanitaires les concernant, ne soient pas entravés.
Le règlement devrait sappliquer aux menaces dorigine biologique comprenant les maladies transmissibles, y compris celles dorigine zoonotique, ainsi quà la surveillance épidémiologique des maladies transmissibles et à la surveillance de lincidence de ces maladies sur les maladies non transmissibles majeures et sur des problèmes sanitaires tels que la santé mentale.
Les députés proposent que lUnion demande lélaboration dune convention-cadre de lOMS sur la préparation et la réaction aux pandémies. Cette convention devrait faciliter la mise en uvre du règlement sanitaire international (2005) et permettre de remédier aux défaillances de ce règlement identifiées lors de la crise de la COVID-19.
Coordination de la planification de la préparation et de la réaction au sein duComité de sécurité sanitaire (CSS)
Les représentants des agences compétentes de lUnion, notamment le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) et lAgence européenne des médicaments (EMA) devraient participer aux réunions du CSS en qualité dobservateurs. Le Parlement européen désignerait des représentants pour participer au CSS en qualité dobservateurs. En liaison avec la Commission et les agences compétentes de lUnion, le CSS devrait coordonner la planification de la prévention, de la préparation et de la réaction des États membres.
Plan de prévention, de préparation et de réaction de lUnion
Ce plan devrait être établi par la Commission, en coopération avec les États membres et les agences compétentes de lUnion et en tenant compte du cadre de lOMS. Il devrait comporter:
- la cartographie des capacités de production de produits médicaux pour lensemble de lUnion;
- la constitution dun stock européen de produits médicaux critiques, de contre-mesures médicales et déquipements de protection individuelle dans le cadre de la réserve durgence rescEU;
- la garantie de continuité des services de santé, y compris du dépistage, du diagnostic, de la veille, du traitement et des soins pour dautres maladies et affections pendant les urgences sanitaires;
- linclusivité des systèmes de santé nationaux pour assurer légalité daccès aux soins de santé et permettre des traitements de qualité le plus rapidement possible;
- un suivi permettant de vérifier que des évaluations des risques, des plans de préparation et des formations adéquats sont prévus pour les professionnels de la santé et des services sociaux.
Le plan de lUnion devrait également prévoir des mesures visant à assurer le fonctionnement normal du marché unique en cas de menaces transfrontières graves pour la santé.
Plans de prévention, de préparation et de réaction nationaux
Les députés proposent que chaque État membre consulte les organisations de patients, les organisations de professionnels de la santé, les parties prenantes de lindustrie et de la chaîne dapprovisionnement et les partenaires sociaux nationaux lors de lélaboration des plans nationaux.
Les États membres devraient transmettre à la Commission dans un délai de 6 mois à compter de lentrée en vigueur du règlement, puis tous les deux ans, un rapport actualisé sur leur planification et leur mise en uvre de la prévention, de la préparation et de la réaction à léchelon national et, le cas échéant, régional et transfrontalier. Tous les deux ans, lECDC effectuerait des audits dans les États membres afin de vérifier létat de mise en uvre des plans nationaux et leur cohérence avec le plan de lUnion. Ces audits seraient basés sur un ensemble dindicateurs et seraient réalisés en coopération avec les agences compétentes de lUnion.
Passation conjointe de marché
Les députés souhaitent également que lUE fasse preuve de plus de transparence lorsquelle passe des marchés publics ou conclut des contrats dachat. Les quantités précises commandées par chaque pays participant et qui lui sont fournies, ainsi que les détails de leurs engagements devraient être rendus publics.
La procédure de passation conjointe de marché devrait être menée de manière à renforcer le pouvoir dachat des pays participants, à améliorer la sécurité de lapprovisionnement et à garantir un accès équitable aux contre-mesures médicales en cas de menaces transfrontières graves pour la santé. En cas de passation conjointe, les critères dattributions devraient également tenir compte, par exemple, de la capacité du fabricant à garantir la sécurité de lapprovisionnement en cas de crise sanitaire.
Le Parlement européen se réserverait le droit, à tout moment, dexaminer, dans le respect des règles de confidentialité, le contenu non censuré de tous les marchés conclus dans le cadre de la procédure visée par le règlement.
Système dalerte précoce et de réaction
LECDC devrait étendre ses activités de communication aux citoyens européens à travers la mise en place dun portail permettant le partage dinformations vérifiées. Par ailleurs, les députés proposent de mettre à jour le système dalerte précoce et de réaction (SAPR), un instrument géré par lECDC, à laide de technologies modernes afin de garantir son interopérabilité avec les systèmes dalerte internationaux, européens, nationaux et régionaux.