Lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique
OBJECTIF : fournir un cadre global permettant de lutter efficacement contre la violence à légard des femmes et la violence domestique dans lensemble de lUnion.
ACTE PROPOSÉ : Directive du Parlement européen et du Conseil.
RÔLE DU PARLEMENT EUROPÉEN : le Parlement européen décide conformément à la procédure législative ordinaire et sur un pied d'égalité avec le Conseil.
CONTEXTE : la violence à légard des femmes et la violence domestique relèvent du droit pénal, des violations des droits de lhomme et des différentes formes de discrimination. La lutte contre ces violences sinscrit dans le cadre de laction de la Commission européenne visant à protéger les valeurs fondamentales de lUnion et à garantir le respect de la charte des droits fondamentaux de lUnion européenne.
Selon les estimations, la violence à légard des femmes et la violence domestique touchent une femme sur trois dans lUE. En ce qui concerne les types de violence plus spécifiques, en 2014, une femme sur dix a signalé avoir été victime de violences sexuelles, et une femme sur vingt avoir été violée. Plus dune femme sur cinq ont subi des violences domestiques. En 2020, selon les estimations, une jeune femme sur deux a subi un acte de cyberviolence fondée sur le genre. La cyberviolence touche particulièrement les femmes qui participent activement à la vie publique, telles que les femmes politiques ou journalistes, ou les femmes qui défendent les droits de lhomme.
Les femmes sont également victimes de violence au travail: environ un tiers des femmes de lUE qui ont déjà été confrontées au harcèlement sexuel lont été sur leur lieu de travail.
Le Parlement européen a demandé à plusieurs reprises à la Commission de proposer une législation sur la violence à légard des femmes et la violence domestique, ainsi que sur la cyberviolence fondée sur le genre. Le Parlement a également adopté deux rapports dinitiative législative demandant à la Commission i) de présenter des propositions sur, respectivement, la lutte contre la violence et la cyberviolence fondées sur le genre et ii) lajout de la violence fondée sur le genre en tant que nouveau domaine de criminalité énuméré à larticle 83, paragraphe 1, du TFUE 9 [(voir 2020/2035(INL) et 2021/2035 (INL)].
CONTENU : la proposition de directive vise à prévenir et à combattre la violence à légard des femmes et la violence domestique afin de garantir un niveau élevé de sécurité et la pleine jouissance des droits fondamentaux au sein de lUnion, y compris le droit à légalité de traitement et labsence de discrimination entre les femmes et les hommes. Des mesures y sont proposées à cet effet dans les domaines suivants :
1) Criminalisation des infractions concernées et sanctions applicables à ces infractions
La proposition vise à ériger en infraction pénale certaines formes de violence touchant les femmes de manière disproportionnée, insuffisamment prises en compte au niveau national et relevant de la compétence de lUE, sur le fondement des bases juridiques existantes. Cela concerne lérection en infraction pénale du viol sur la base du défaut de consentement (sans quil y ait nécessairement recours à la force ou aux menaces, comme cest le cas dans certains États membres), des mutilations génitales féminines, et de certaines infractions liées à la criminalité informatique: le partage non consenti de matériels intimes ou manipulés, la traque furtive en ligne, le cyberharcèlement et lincitation à la violence ou à la haine en ligne.
La proposition définit le niveau minimal des peines maximales applicables aux infractions visées. Les États membres devraient ainsi veiller à ce que le viol soit passible dune peine maximale dau moins huit ans demprisonnement, et dau moins dix ans demprisonnement si linfraction a été commise dans des circonstances aggravantes.
2) Protection des victimes et laccès à la justice
La proposition :
- contient des règles relatives au signalement de la violence à légard des femmes et de la violence domestique afin de garantir que ces infractions donnent lieu à des poursuites judiciaire;
- garantit que les infractions font effectivement lobjet denquêtes et de poursuites, quil existe une expertise et des ressources suffisantes et que les infractions assimilables à un viol sont poursuivies doffice;
- introduit une évaluation des risques personnalisée en vue de lidentification des besoins des victimes en matière de protection et de soutien;
- expose des obligations visant à garantir que les victimes sont orientées vers des services daide appropriés;
- prévoit des garanties spécifiques pour les enfants victimes de la violence à légard des femmes et de la violence domestique;
- garantit une protection par des ordonnances durgence dinterdiction et des ordonnances de protection;
- veille à ce que les victimes puissent effectivement demander à être indemnisées par les auteurs des infractions;
- garantit la suppression des contenus en ligne relatifs à des infractions relevant de la cyberviolence, et la possibilité pour les utilisateurs concernés dintroduire un recours juridictionnel; et
- veille à la mise en place dorganismes publics chargés daider, de conseiller et de représenter les victimes dans les procédures judiciaires en matière de violence à légard des femmes ou de violence domestique.
3) Soutien aux victimes
La proposition prévoit notamment un soutien spécifique en cas de violences sexuelles et de mutilations génitales féminines, laccès à des services nationaux dassistance téléphonique, une meilleure accessibilité aux refuges et un soutien global aux victimes de harcèlement sexuel au travail. Lapport dun soutien ciblé aux victimes ayant des besoins spécifiques et aux groupes à risque, notamment aux femmes fuyant des conflits armés, est également prévu.
4) Prévention
La proposition comprend notamment lobligation de mener des actions de sensibilisation. Elle prévoit que les professionnels qui sont les plus susceptibles dentrer en contact avec les victimes doivent recevoir une formation et des informations ciblées ainsi que des programmes dintervention ouverts, sur une base volontaire, aux personnes qui craignent de commettre de telles infractions.
5) Coordination et coopération
La proposition renforce la coordination et la coopération au niveau national et au niveau de lUE, en garantissant une approche interservices et en renforçant la collecte de données sur la violence à légard des femmes et sur la violence domestique.
Incidence budgétaire
LInstitut européen pour légalité entre les hommes et les femmes (l«EIGE») aurait besoin des ressources financières et humaines suivantes pour pouvoir procéder à la collecte de données administratives: i) coût de mise en place unique : 200.000 EUR; ii) coût annuel de maintenance et dexploitation : 750.000 EUR; iii) personnel: un agent temporaire (équivalent temps plein) à partir de 2025 et deux agents contractuels (équivalent temps plein) à partir de 2025 (soit trois personnes au total).