Amendements au règlement financier de l’UE
La commission des budgets et la commission du contrôle budgétaire ont adopté le rapport de Monika HOHLMEIER (PPE, DE) et de Nils UAKOVS (S&D, LV) sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil modifiant le règlement (UE, Euratom) 2018/1046 relatif aux règles financières applicables au budget général de l'Union.
La proposition vise à réviser le règlement financier afin de faire face aux conséquences, pour le budget de lUnion, des arrêts de la Cour de justice de lUnion européenne qui réduisent ou annulent les amendes en matière de concurrence.
Dans le cadre de son pourvoi dans laffaire C-221/22 P, Commission/Deutsche Telekom, la Commission a demandé à la Cour de revoir son arrêt dans laffaire Printeos en vue de clarifier les obligations qui incombent à la Commission en cas de réduction ou dannulation dune amende. Or, tant que la Cour na pas fourni déclaircissements, la Commission est confrontée à des demandes sans précédent dintérêts à payer qui dépassent largement les intérêts perçus sur les montants versés à titre provisoire. Le montant à régler en 2022/23 pourrait atteindre 85 millions dEUR.
En vertu des règles financières en vigueur, ces remboursements devraient provenir du volet des dépenses du budget de lUnion, et notamment de la rubrique 7 du CFP (administration publique européenne), ce qui nécessitera un budget rectificatif ainsi que la mobilisation dinstruments spéciaux dès 2023, étant donné que le sous-plafond des dépenses administratives est déjà atteint en raison du taux dinflation élevé. Dans son projet détat prévisionnel budgétaire pour 2023, la Commission souligne déjà que linflation élevée et la hausse des prix de lénergie auront une incidence très directe sur le coût de ladministration et que la rubrique 7 sera tout particulièrement sous pression en 2022 et 2023. La Commission souligne que la marge disponible sous le sous-plafond sera totalement épuisée et que le recours aux instruments spéciaux sera nécessaire en 2023 pour un montant de 62,5 millions dEUR.
La proposition de la Commission entend faire face à la situation essentiellement comme suit:
- les intérêts et les indemnisations dus lors de la réduction ou de lannulation dune amende seraient déduits du volet des recettes du budget («recettes négatives») au lieu de peser sur les dépenses; il s'agirait dune dérogation limitée à la règle interdisant les recettes négatives figurant à larticle 48, paragraphe 1, du règlement financier;
- le taux dintérêt sur le montant remboursé à une entreprise en cas de réduction ou dannulation dune amende serait expressément fixé par la législation au taux de refinancement de la BCE majoré dun point et demi de pourcentage.
La commission compétente soutient lapproche de la proposition de la Commission, car il sagit de la seule façon raisonnable davancer compte tenu des circonstances, et elle recommande que la position du Parlement en première lecture fasse sienne cette proposition.
Les députés précisent toutefois, dans un amendement, que lorsque la Commission ne rembourse pas dans un délai soixante jours la partie concernée des montants perçus provisoirement au titre d'une amende réduite ou annulée, les conditions relatives aux retards de paiement prévues à l'article 116, paragraphe 5, du règlement financier devraient s'appliquer, avec un taux d'intérêt fixé au taux de refinancement de la BCE majoré de 3,5 points de pourcentage.
Parallèlement, les rapporteurs constatent que plusieurs décisions récentes de la Commission dans des affaires de concurrence très médiatisées ont été annulées par le Tribunal et ils invitent donc la Commission, conformément aux résolutions récentes du Parlement, à tirer les enseignements des arrêts afin de limiter au maximum, dans les affaires futures, les risques dannulation ou de réduction des amendes payées à titre provisoire, ce qui peut avoir une incidence considérable sur le budget de lUnion.