Définition des infractions pénales et des sanctions applicables en cas de violation des mesures restrictives de l’Union
OBJECTIF : garantir des définitions communes pour les infractions liées à la violation des mesures restrictives de lUnion et la disponibilité de sanctions pénales efficaces, dissuasives et proportionnées pour les infractions graves liées à la violation des mesures restrictives de lUnion.
ACTE PROPOSÉ : Directive du Parlement européen et du Conseil.
RÔLE DU PARLEMENT EUROPÉEN : le Parlement européen décide conformément à la procédure législative ordinaire et sur un pied d'égalité avec le Conseil.
CONTEXTE : les mesures restrictives de lUnion, telles que les mesures concernant le gel de fonds et de ressources économiques, les interdictions de mise à disposition de fonds et de ressources économiques, les interdictions dentrée ou de transit sur le territoire dun État membre, ainsi que des mesures économiques sectorielles et les embargos sur les armes, constituent un outil essentiel pour la promotion des objectifs de la politique étrangère et de sécurité commune, tels quils sont énoncés à larticle 21 du traité sur lUnion européenne.
Parmi ces objectifs figurent la sauvegarde des valeurs, de la sécurité, de lindépendance et de lintégrité de lUnion, la consolidation et le soutien de la démocratie, de lÉtat de droit, des droits de lhomme et des principes du droit international, ainsi que la préservation de la paix internationale, la prévention des conflits et le renforcement de la sécurité internationale, conformément aux buts et aux principes de la charte des Nations unies.
Actuellement, plus de 40 séries de mesures restrictives sont dapplication dans lUE. Certaines dentre elles mettent en uvre des mesures restrictives adoptées par les Nations unies; dautres sont adoptées de manière autonome par lUnion.
Si ladoption de mesures restrictives de lUnion sest intensifiée au cours des dernières décennies, il en a été de même de lélaboration de mécanismes visant à les contourner. La Commission a relevé une application incohérente des mesures restrictives et le fait que cela nuit à leur efficacité et entrave la capacité de lUnion à sexprimer dune seule voix. Sexprimer dune seule voix est devenu particulièrement urgent dans le contexte actuel de lagression militaire russe contre lUkraine.
En labsence dharmonisation au niveau de lUE, les systèmes nationaux diffèrent considérablement en ce qui concerne lincrimination de la violation du droit de lUE sur les mesures restrictives de lUnion. Les systèmes de sanctions diffèrent aussi sensiblement selon les États membres, de même que les amendes maximales pouvant être infligées (qui vont de 1200 EUR à 5 millions dEUR).
Dans la pratique, très peu dindividus ou de personnes morales responsables de violations des mesures restrictives de lUnion doivent effectivement répondre de leurs actes. Dans de nombreux États membres, la priorité accordée aux enquêtes et aux poursuites concernant la violation des mesures restrictives de lUnion est insuffisante.
Dans ce contexte, à la suite dune proposition de la Commission européenne présentée le 25 mai 2022, le Conseil a décidé de désigner la violation des mesures restrictives de lUnion en tant que domaine de criminalité qui remplit les critères énoncés à larticle 83, paragraphe 1, du TFUE. Cela a ouvert la possibilité pour la Commission dadopter la présente proposition de directive, qui vise à rapprocher les définitions des infractions et des sanctions pénales en matière de violation des mesures restrictives de lUnion.
CONTENU : la présente proposition a pour objectif directive détablir des règles minimales relatives à la définition des infractions pénales et des sanctions en cas de violation des mesures restrictives de lUnion. Elle vise à: i) rapprocher les définitions des infractions pénales liées à la violation des mesures restrictives de lUnion; ii) instituer des types et des degrés de sanctions efficaces, dissuasifs et proportionnés pour les infractions pénales liées à la violation des mesures restrictives de lUnion; iii) encourager les enquêtes et les poursuites transfrontières; et iv) améliorer lefficacité opérationnelle des chaînes répressives nationales afin de favoriser les enquêtes, les poursuites et les sanctions.
Les principaux éléments de la proposition sont les suivants:
1) Une liste des infractions pénales violant les sanctions de lUE, telles que:
- mettre des fonds ou des ressources économiques à la disposition dune personne, dune entité ou dun organisme désigné ou à son profit;
- ne pas geler ces fonds;
- permettre lentrée de personnes désignées sur le territoire dun État membre ou leur transit par le territoire dun État membre;
- conclure, avec des pays tiers, des transactions qui font lobjet dune interdiction ou de restrictions dans le cadre des mesures restrictives de lUE;
- échanger des biens ou des services dont limportation, lexportation, la vente, lachat, le transfert, le transit ou le transport font lobjet dune interdiction ou de restrictions;
- exercer des activités financières qui font lobjet dune interdiction ou de restrictions; ou
- fournir dautres services faisant lobjet dune interdiction ou de restrictions, tels que des services de conseil juridique, des services de confiance et des services de conseil fiscal;
- le contournement dune mesure restrictive de lUE : sont visés le contournement ou la tentative de contournement des mesures restrictives en dissimulant des fonds ou en dissimulant le fait quune personne est le propriétaire final des fonds.
2) Des normes minimales en matière de sanctions pénales : en ce qui concerne les personnes physiques, la proposition exige que les États membres établissent des niveaux et des types de sanctions spécifiques pour les infractions pénales liées à la violation des mesures restrictives de lUnion. La catégorisation proposée reflète la gravité des infractions. Un seuil monétaire de 100.000 EUR est fixé pour distinguer les infractions plus graves qui devraient être passibles dune peine maximale demprisonnement dau moins 5 ans.
La proposition énonce également les sanctions applicables aux personnes morales impliquées dans les infractions pénales liées à la violation des mesures restrictives de lUnion. Les entreprises pourraient être passibles de sanctions correspondant à 5% au moins du chiffre daffaires mondial total réalisé par lentreprise au cours de lexercice fiscal précédant la décision infligeant une amende.
En outre, la proposition :
- érige en infraction pénale le fait dinciter à commettre toute infraction pénale liée à la violation des mesures restrictives de lUnion ou de sen rendre complice;
- établit les circonstances aggravantes et atténuantes quil convient de prendre en considération lors de lapplication de sanctions;
- prévoit des dispositions relatives à la compétence afin de garantir que les États membres établissent leur compétence pour traiter des infractions visées par la proposition;
- établit des dispositions relatives aux délais de prescription afin de permettre aux autorités compétentes, pendant un certain délai, denquêter sur les infractions pénales visées par la présente proposition, de les poursuivre et de les juger;
- traite de la protection des lanceurs dalerte qui communiquent des informations ou fournissent des éléments de preuve dans le cadre dune enquête pénale relative à la violation de mesures restrictives de lUnion;
- impose aux autorités des États membres, à Europol, à Eurojust, au Parquet européen et à la Commission, dans les limites de leurs compétences respectives, de coopérer dans le cadre de la lutte contre les infractions pénales visées.