Traitement des eaux urbaines résiduaires. Refonte
Le Parlement européen a adopté par 420 voix pour, 62 voix contre et 84 abstentions, des amendements à la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil relative au traitement des eaux urbaines résiduaires (refonte).
La question a été renvoyée à la commission compétente pour négociations interinstitutionnelles.
Objectif
La directive devrait :
- fixer des règles relatives à la collecte, au traitement et au rejet des eaux urbaines résiduaires en vue de protéger lenvironnement et la santé, conformément à lapproche «Une seule santé», tout en réduisant progressivement les émissions de gaz à effet de serre dues aux activités de collecte et de traitement des eaux urbaines résiduaires et en améliorant le bilan énergétique desdites activités, ainsi quen contribuant à la transition vers une économie circulaire;
- établir des règles relatives à laccès à lassainissement pour tous et viser, au moyen de la planification intégrée de la gestion des eaux résiduaires, à renforcer les synergies avec ladaptation au changement climatique et laction de restauration des écosystèmes urbains.
Systèmes de collecte
Au plus tard le 31 décembre 2032, les États membres devraient veiller à ce que toutes les agglomérations ayant un équivalent habitant (EH) compris entre 750 et 2000 soient équipées de systèmes de collecte.
De plus, les États membres devraient prendre des mesures pour garantir que les autorités compétentes évaluent les niveaux de fuite deaux usées et les émissions associées sur leur territoire et les possibilités de réduction de ces fuites.
Les États membres devraient établir dans un délai de 24 mois à compter de lentrée en vigueur de la directive, des exigences minimales relatives à la conception, à lexploitation et à lentretien des systèmes individuels pour le traitement des eaux urbaines résiduaires dans lUnion et fixer les exigences applicables aux inspections régulières de ces systèmes.
Plans intégrés de gestion des eaux urbaines résiduaires.
Ces plans devraient être mis à la disposition de la Commission sur demande dans les trois mois suivant leur publication. Ils devraient donner la priorité aux solutions dinfrastructures vertes et bleues dans la mesure du possible. La Commission devrait prendre les mesures appropriées au cas où ces plans ne comporteraient pas au moins les éléments figurant à lannexe V de la directive.
Les États membres devraient i) sattacher à accroître les espaces verts dans les zones urbaines afin de réduire les débordements des eaux pluviales par des solutions naturelles; ii) veiller à ce que les plans intégrés de gestion des eaux urbaines résiduaires soient réexaminés tous les cinq ans après leur mise en place et mis à jour si nécessaire.
Traitement tertiaire
Au plus tard le 31 décembre 2038, toutes les stations dépuration des eaux urbaines résiduaires traitant une charge dun EH égal ou supérieur à 100.000 devraient faire lobjet dun traitement tertiaire.
Par dérogation, les États membres pourraient décider quune station dépuration individuelle des eaux urbaines résiduaires située dans une zone figurant sur la liste des zones de leur territoire qui sont sujettes à leutrophisation ne sera pas soumise aux exigences établies par la directive s'il peut être prouvé que le pourcentage minimal de réduction de la charge globale entrant dans toutes les stations d'épuration des eaux résiduaires urbaines de cette zone atteint :
- 90% pour le phosphore total et 75% pour lazote total au 31 décembre 2035;
- 93% pour le phosphore total et 80% pour lazote total au 31 décembre 2040. Les jours durant lesquels la température des effluents est inférieure à 12 °C ne seraient pas pris en considération dans le calcul de lélimination de lazote.
Traitement quaternaire
Toutes les stations dépuration des eaux urbaines résiduaires dont lEH est égal ou supérieur à 150.000 devraient procéder à un traitement quaternaire étant donné que ces stations représentent une part importante des rejets de micropolluants dans lenvironnement. Pour les agglomérations dont lEH est compris entre 35.000 et 150.000, les États membres devraient être tenus dappliquer un traitement quaternaire dans les zones identifiées comme sensibles à la pollution par les micropolluants, sur la base de critères clairs.
Responsabilité élargie des producteurs
Les députés estiment que le financement assuré par la responsabilité élargie des producteurs doit être complété par un financement national mis en place pour moderniser les stations dépuration des eaux urbaines résiduaires afin déviter tout effet non souhaité sur la disponibilité, le caractère abordable et laccessibilité des produits vitaux, en particulier des médicaments, et de veiller à ce que des fonds suffisants soient mis à la disposition des opérateurs. Le financement national ne devrait pas dépasser 20% et devrait respecter le principe du pollueur-payeur.
La Commission devrait évaluer la nécessité éventuelle détendre le champ dapplication de la responsabilité élargie du producteur, en particulier aux produits contenant des microplastiques et des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) mis sur le marché, en tenant compte de toute restriction relative aux PFAS.
Neutralité énergétique des stations dépuration des eaux urbaines résiduaires
Les audits énergétiques des stations dépuration des eaux urbaines résiduaires et des systèmes de collecte devraient comprendre une identification du potentiel dutilisation rentable, de réduction de la consommation dénergie, de valorisation et dutilisation de la chaleur résiduelle sur site ou via un système urbain ou de production dénergie renouvelable.
Les États membres devraient veiller à ce que lénergie annuelle totale générée, sur site ou hors site, au niveau national à partir de sources renouvelables par des stations dépuration des eaux urbaines résiduaires traitant une charge égale ou supérieure à 10.000 EH soit au moins équivalente à: i) 50% de lénergie annuelle totale utilisée par ces installations au 31 décembre 2033; ii) 75% de lénergie annuelle totale utilisée par ces installations au 31 décembre 2036.
Réutilisation de leau et rejets deaux urbaines résiduaires
Les États membres doivent encourager systématiquement la réutilisation des eaux usées traitées provenant de toutes les stations dépuration des eaux urbaines résiduaires en particulier dans les zones soumises à un stress hydrique et à des fins industrielles lorsquil nexiste aucun effet négatif sur lenvironnement et que des mesures de gestion des risques pour la santé ont été mises en uvre. La réutilisation de leau de récupération à des fins agricoles ne serait autorisée que si certaines conditions sont remplies.
Microplastiques
La pollution micro et nanoplastique est souvent causée par les processus de teinture et de lavage des textiles synthétiques, les microfibres synthétiques étant rejetées dans les eaux usées. La Commission devrait dès lors présenter une proposition législative conformément à son initiative intitulée «Pollution par les microplastiques - mesures pour réduire son incidence sur lenvironnement» afin de rendre linstallation de filtres en microfibre obligatoire sur les nouveaux lave-linge à léchelle de lUnion dici au 31 décembre 2027.