Accord de partenariat et de coopération renforcé UE/Kirghizistan
La commission des affaires étrangères a adopté le rapport de Nacho SÁNCHEZ AMOR (S&D, ES) contenant une proposition de résolution non législative sur le projet de décision du Conseil relative à la conclusion de laccord de partenariat et de coopération renforcé entre lUnion européenne et ses États membres, dune part, et la République kirghize, dautre part.
En dépit des intérêts communs pour le renforcement des importantes relations commerciales et politiques entre lUnion et le Kirghizstan, les députés sont préoccupés par la détérioration de la situation des droits de lhomme, de la démocratie et de létat de droit au Kirghizstan, en particulier dans le contexte de la conclusion des négociations et de la signature de laccord de partenariat et de coopération renforcé (APR) UE-Kirghizstan.
Le rapport souligne limportance de létroite contribution du Parlement au suivi de la mise en uvre de tous les volets de lAPCR et demande que les deux parties à laccord effectuent, dans les trois prochaines années, une évaluation efficace de la mise en uvre de ses éléments essentiels, sur la base de critères clairs en matière de droits de lhomme et dun calendrier précis. Une évaluation négative de la mise en uvre de ces éléments essentiels pourrait conduire au déclenchement de larticle 316 de lAPCR.
Relations UE-Kirghizstan
Rappelant que le Kirghizstan est le troisième partenaire commercial de lUnion en Asie centrale, les députés ont réaffirmé leur engagement à coopérer avec le pays et ses partenaires en Asie centrale afin de garantir la paix, la sécurité, la stabilité, la prospérité, la démocratie et le développement durable.
Le rapport insiste sur la nécessité de :
- collaborer pour la promotion dinitiatives écologiques fondées sur une économie de marché durable, linnovation dans le secteur privé et la gestion environnementale à long terme, de systèmes dalerte précoce pour les catastrophes naturelles, du développement à faible intensité en carbone et de la transition vers les sources dénergie renouvelables;
- renforcer la coopération sur les matières premières critiques, qui ont été identifiées comme revêtant une importance stratégique;
- renforcer les échanges universitaires, culturels et professionnels;
- garantir le niveau de surveillance le plus élevé possible de lutilisation des fonds de lUnion (98 millions deuros pour la période 2021-2027);
- renforcer léchange dinformations sur les menaces terroristes et redoubler defforts pour éradiquer la corruption.
Coopération régionale et difficultés mondiales
Les députés encouragent lUnion à renforcer sa collaboration avec lAsie centrale sur les questions politiques, économiques et de sécurité, conformément aux valeurs de démocratie, de droits de lhomme et détat de droit sous-tendant laction extérieure de lUnion, soulignant que la poursuite de la coopération de lUnion avec les pays dAsie centrale ne peut se faire au détriment de ces valeurs. Ils insistent sur la nécessité de renforcer le dialogue et la collaboration sur les questions de politique étrangère et de sécurité, y compris la cybersécurité, la stabilité régionale, la gestion des crises, le désarmement et la maîtrise des armements, conformément aux principes du droit international et à la charte des Nations unies.
Le rapport met en évidence les difficultés historiques grandissantes relatives au multilatéralisme et à lordre fondé sur des règles que rencontrent lUnion et la République kirghize. Il prend acte de linfluence de la Russie dans la région malgré les efforts déployés par les pays dAsie centrale pour diversifier leurs relations extérieures et déplore que le Kirghizstan nait pas condamné linvasion illégale de lUkraine par la Russie.
Droits de lhomme, démocratie et état de droit
Le rapport encourage le Kirghizstan à :
- adopter une législation complète contre la discrimination qui comprenne lorientation sexuelle, le genre, le handicap et lethnicité en tant que catégories protégées;
- poursuivre les efforts visant à éliminer les violences sexistes et domestiques;
- veiller à ce que la liberté de religion ou de conviction soit protégée dans le pays;
- élaborer un plan daction national en faveur des droits de lhomme avec la participation de la société civile;
- libérer sans condition tous les journalistes, blogueurs et militants emprisonnés ou détenus à tort;
- garantir le respect des principes délections libres et équitables en protégeant les droits de se présenter aux élections et de faire campagne;
- sabstenir dengager des poursuites à caractère politique contre lopposition politique et les voix dissidentes et à garantir le droit de réunion pacifique;
- révoquer la loi à la russe sur les «représentants étrangers» et protéger la liberté et le pluralisme des médias;
- abroger la loi sur les «fausses informations» et la loi interdisant la «propagande LGBT»;
- protéger les journalistes et les travailleurs et militants des organisations non gouvernementales de lintimidation et du harcèlement;
- renforcer létat de droit, la séparation des pouvoirs et lindépendance du pouvoir judiciaire conformément aux normes internationales.
Le rapport demande enfin au SEAE et à la délégation de lUnion au Kirghizstan de mener une diplomatie publique active et de combattre les fausses informations diffusées par les autorités kirghizes, en particulier celles qui dénaturent les valeurs et les politiques de lUnion.