Possibilités de simplification des fonds de cohésion
Le Parlement européen a adopté par 513 voix pour, 111 contre et 40 abstentions, une résolution sur les possibilités de simplification des fonds de cohésion.
Le Parlement a mis en avant le rôle crucial que la politique de cohésion a joué face aux urgences multidimensionnelles et aux défis socio-économiques de ces cinq dernières années, en faisant preuve dune certaine souplesse et en renforçant la solidarité entre les États membres. Il estime toutefois que les modifications constantes du cadre réglementaire ont affaibli son axe stratégique. Les députés ont mis en garde contre le détournement systématique des fonds de cohésion afin de répondre aux crises et ont suggéré en lieu et place, la mise au point dun instrument durgence permanent, renforcé et spécifique au sein du budget de lUnion, qui garantirait une réponse rapide et coordonnée aux crises futures sans compromettre lintégrité structurelle de la politique de cohésion.
Les députés ont mis laccent sur le fait que toute réforme future devra maintenir la gestion partagée, la gouvernance à plusieurs niveaux et une approche territorialisée. Ils souhaitent une politique de cohésion moderne, décentralisée et renforcée qui place les personnes au centre et est soutenue par des partenariats solides à tous les niveaux.
Simplification
Les députés ont fait valoir que la simplification devrait être un principe directeur de la politique de cohésion. Les efforts de simplification doivent avant tout viser à réduire la charge qui pèse sur les bénéficiaires, à faciliter leur accès aux fonds et à réduire le travail administratif. Ils ont demandé aux États membres, à cet égard, déviter la surréglementation.
La Commission est invitée à présenter en temps utile ses propositions pour la période de financement 2028-2034 afin que les programmes régionaux puissent être approuvés rapidement après le début du prochain cadre financier pluriannuel (CFP). Les députés ont recommandé détudier la possibilité de retirer certaines réglementations et exigences techniques du règlement portant dispositions communes et de les intégrer dans un ensemble de lignes directrices ou dans un manuel dans un souci de sécurité juridique.
Manque de complémentarités des financements de lUnion
Le Parlement est préoccupé à la fois par le manque de complémentarités des financements de lUnion, la période 2021-2027 comptant plus de 50 programmes pluriannuels, et par la part croissante - de 40% actuellement - des fonds gérés de manière centralisée au titre de lactuel CFP. Les députés estiment que le budget total consacré à la politique de cohésion devrait être maintenu, voire augmenté, mais ils insistent sur la nécessité de coordonner efficacement les financements européens et nationaux.
Une meilleure coordination entre les fonds et une gestion à laide dun cadre plus clair, plus cohérent, coordonné et harmonisé pour les différents fonds de cohésion pourraient ouvrir la voie à une politique de cohésion plus efficace et plus souple, moyennant notamment un ensemble unique de règles et une seule piste daudit pour la mise en uvre, le suivi et le contrôle.
Plateforme européenne unique
Le Parlement reconnaît que la création, lors de la prochaine révision pour laprès 2027, dune plateforme européenne unique intégrée aux plateformes nationales pourrait permettre aux bénéficiaires, en particulier ceux de petite taille, daccéder rapidement aux divers fonds de lUnion. Il estime que la Commission et les États membres devraient communiquer aux bénéficiaires toutes les informations dont ils ont besoin pour accéder aux fonds de lUnion par lintermédiaire de cette plateforme, mais aussi garantir léchange de données en temps réel sur les bénéficiaires finaux des fonds.
Opposition à la centralisation
Le Parlement sest opposé à tout type de réforme venue den haut en vue dune centralisation ou dune renationalisation de la programmation de la politique de cohésion et a réaffirmé que la gouvernance à plusieurs niveaux, la subsidiarité, la gestion partagée et une approche territorialisée doivent rester les principes directeurs fondamentaux de cette politique.
Soulignant que le modèle centralisé a montré plusieurs faiblesses, les députés se sont prononcés contre lidée dun programme national unique, car il ne garantit pas une participation adéquate des collectivités locales et régionales et est très éloigné des réalités du terrain. Ils ont insisté sur le fait que le recours à des programmes territorialisés gérés au niveau régional NUTS 2 devrait rester le pilier de la politique de cohésion à lavenir.
Respect des règles financières
Le Parlement a rappelé limportance dappliquer rigoureusement les règles financières de lUnion à tous les programmes et à tous les bénéficiaires, afin déviter toute forme de fraude, de conflit dintérêts, de corruption, de double financement ou de blanchiment dargent. Il a demandé à la Commission et aux États membres de proposer des mesures supplémentaires pour prévenir et empêcher le double financement, pour offrir davantage de possibilités aux projets intégrés, pour garantir linteropérabilité des outils dexploration de données et pour réduire au minimum les obligations en matière de conservation des données incombant aux autorités de gestion. Il a demandé à la Commission de rendre obligatoire lutilisation doutils informatiques tels que le système de détection rapide et dexclusion (EDES) et Arachne pour tous les fonds de lUnion.
Le Parlement a préconisé un accès plus direct aux fonds de lUnion pour les collectivités régionales et locales, ainsi que les municipalités et autorités communales. Il a souligné la nécessité impérieuse daccroître les investissements dans le renforcement de capacités administratives efficaces et adaptées et demandé le renforcement des instruments dassistance technique dans le cadre de la politique de cohésion.
La Commission est invitée à proposer une simplification accrue de lapplication des règles relatives aux aides dÉtat dans le cas dun financement intersectoriel lié à la politique de cohésion qui combine des fonds européens et nationaux, et à promouvoir davantage la négociation collective ainsi que le recours à la clause sociale dans le cadre de la prochaine révision de la directive européenne sur la passation des marchés publics.
Enfin, le Parlement estime quil y a lieu daffermir le principe de laudit unique et plaide pour une stratégie daudit davantage fondée sur les risques afin déviter les doublons inutiles, tout en garantissant une surveillance financière et une prévention des fraudes effectives.