Résolution sur la décision d’exécution de la Commission (UE) 2025/1898 du 22 septembre 2025 autorisant la mise sur le marché de produits contenant du maïs génétiquement modifié DP51291, consistant en ce maïs ou produits à partir de celui-ci, en application du règlement (CE) nº 1829/2003 du Parlement européen et du Conseil
Le Parlement européen a adopté par 433 voix pour, 166 contre et 9 abstentions, une résolution faisant objection à la décision dexécution de la Commission (UE) 2025/1898 autorisant la mise sur le marché de produits contenant du maïs génétiquement modifié DP51291, consistant en ce maïs ou produits à partir de celui-ci.
Le 27 janvier 2023, la société Corteva Agriscience Belgium B.V., établie en Belgique, a, au nom de la société Corteva Agriscience LLC, établie aux États-Unis, présenté à lautorité nationale compétente des Pays-Bas une demande dautorisation de mise sur le marché de denrées alimentaires, dingrédients alimentaires et daliments pour animaux contenant du maïs génétiquement modifié DP51291.
Génie génétique complexe
Le maïs DP51291 a été mis au point dans le cadre dun processus de génie génétique complexe. Ce processus a provoqué la suppression de séquences dADN et la création de cadres ouverts de lecture potentiellement allergènes.
Manque de données sur les pratiques agricoles et les facteurs environnementaux
Les essais en champ réalisés pour étayer lanalyse de la composition et lanalyse phénotypique du maïs génétiquement modifié ont été menés au cours dune seule saison végétative (2021) aux États-Unis et au Canada, dans des conditions météorologiques qui ne reflètent pas suffisamment la diversité des régions où le maïs est cultivé, en particulier pour ce qui est de certains pays tels que le Brésil. Les données des essais en champ peuvent ne pas refléter suffisamment lensemble des conditions environnementales et agricoles dans lesquelles le maïs génétiquement modifié est susceptible dêtre cultivé ou importé.
Absence dévaluation du glufosinate
Le glufosinate est associé à des risques importants pour la biodiversité et la santé des écosystèmes à long terme, ainsi quen matière de toxicité. La grande majorité des cultures génétiquement modifiées lont été afin de les rendre tolérantes à un ou plusieurs herbicides «complémentaires» qui peuvent être utilisés tout au long de la culture de la plante génétiquement modifiée sans que celle-ci ne meure. Il ressort de plusieurs études que la tolérance aux herbicides des cultures génétiquement modifiées entraîne une augmentation de lutilisation dherbicides complémentaires, du fait notamment de lapparition de mauvaises herbes tolérantes aux herbicides.
Lévaluation des résidus dherbicides et des métabolites trouvés dans les plantes génétiquement modifiées est considérée comme ne relevant pas des compétences du groupe scientifique de lEFSA sur les OGM, et nest donc pas réalisée dans le cadre du processus dautorisation des OGM.
Par ailleurs, des questions restent en suspens concernant la toxine ipd072Aa. Malgré des différences, les similitudes observées entre les toxines ipd072Aa et Bt mettent en valeur la nécessité dun examen attentif dans le processus dévaluation des risques.
Garantir des conditions de concurrence équitables au niveau mondial et respecter les obligations internationales de lUnion
Le Parlement rappelle que la culture du maïs génétiquement modifié nest pas autorisée dans lUnion. Or, le projet de décision de la Commission autorise les importations dans lUnion de produits non conformes aux normes observées par les agriculteurs de lUnion, ce qui placerait ces derniers dans une situation de désavantage concurrentiel.
De plus, les obligations de lUnion en vertu des objectifs de développement durable des Nations unies et de la convention des Nations unies sur la diversité biologique doivent être prises en compte. Le cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, adopté lors de la COP15 de la convention des Nations unies sur la diversité biologique en décembre 2022, comprend un objectif mondial de réduction des risques liés aux pesticides dau moins 50% dici 2030.
Il importe également que lUnion réduise sa dépendance à légard des aliments pour animaux importés à la lumière des enseignements tirés de la crise de la COVID-19 et de la guerre qui se poursuit en Ukraine.
Sur le plan de la procédure, le Parlement rappelle quil a adopté 36 résolutions par lesquelles il sest opposé à la mise sur le marché dOGM et à la culture dOGM. Si elle reconnaît elle-même les lacunes démocratiques, le soutien insuffisant des États membres et les objections du Parlement, la Commission continue dautoriser les OGM. Aucun avis na été rendu au terme du vote du 13 juin 2025 au sein du comité permanent des végétaux, des animaux, des denrées alimentaires et des aliments pour animaux, ce qui signifie que lautorisation na pas été soutenue par une majorité qualifiée dÉtats membres. Lors de son vote du 15 juillet 2025, le comité dappel na pas non plus rendu davis.
Recommandations
Sur la base de ces considérations, le Parlement estime que la décision d'exécution de la Commission n'est pas conforme au droit de lUnion. En conséquence, il a demandé à la Commission de:
- retirer son projet de décision dexécution et de soumettre un nouveau projet au comité;
- garantir la convergence des normes entre lUnion et ses partenaires dans le cadre des négociations daccords de libre-échange, afin que les normes de sécurité de lUnion soient respectées;
- ne pas autoriser le maïs génétiquement modifié en raison des risques croissants quil fait peser sur la biodiversité, la sécurité alimentaire et la santé des travailleurs;
- tenir durgence lengagement quelle a pris de présenter une proposition visant à garantir que les produits chimiques dangereux interdits dans lUnion européenne ne soient pas produits à des fins dexportation;
- prendre en considération les obligations qui incombent à lUnion en vertu daccords internationaux, tels que laccord de Paris sur le climat ou la convention sur la diversité biologique et les objectifs de développement durable des Nations unies; les projets dactes dexécution doivent être accompagnés dun exposé des motifs expliquant comment ils respectent le principe de «ne pas nuire».
Le Parlement se déclare déçu que la Commission ait, depuis 2020, continué dautoriser limportation dOGM dans lUnion, malgré lopposition répétée du Parlement et le vote dune majorité des États membres contre ces autorisations.