Protection des consommateurs: vente et garantie des biens de consommation
1996/0161(COD)
Les consommateurs qui achètent des marchandises dans un État membre autre
que le leur et qui, en rentrant chez eux, s'aperçoivent qu'elles sont
défectueuses pourront déposer réclamation dans leur pays de résidence, selon
un amendement adopté de justesse (par 14 voix contre 11) en commission.
La commission examinait en première lecture, conformément à la procédure de
codécision, une proposition de la Commission concernant une directive
relative à la vente et aux garanties des biens de consommation, que le
rapporteur, Mme Annemarie KUHN (PSE, D), considère comme un pas important
vers l'achèvement du marché intérieur d'une Union de 370 millions de
consommateurs.
L'amendement précité est libellé dans les termes suivants: "Pour les biens
de consommation distribués dans plusieurs États membres, le producteur
indique dans une liste jointe à la notice d'accompagnement du bien au moins
une adresse dans chacun des États membres concernés où le consommateur peut
signaler un défaut de conformité. Si le consommateur fait valoir ses droits
à cette adresse, celle-ci lui apporte l'aide appropriée.".
Les membres ont également insisté pour que, dans le cas de contrats
transfrontaliers conclus à l'intérieur de l'Union européenne, les États
membres veillent à ce que des voies de recours ou des procédures appropriées
et efficaces soient prévues pour régler, le cas échéant, les litiges entre
vendeur et consommateur. En cas de non-conformité, le consommateur doit
avoir le droit de faire appel à la médiation de l'instance de recours ou de
transférer à celle-ci ses droits contractuels.
Les réclamations doivent normalement s'adresser au vendeur mais, lorsque
c'est impossible ou lorsque le vendeur est établi dans un autre État membre
ou a cessé son négoce, ou encore lorsqu'il ne peut être informé en temps
utile de la défectuosité, la réclamation peut être adressée au fabricant ou
au représentant de celui-ci dans l'État membre du consommateur.
La proposition de la Commission vise aussi à harmoniser les dispositions des
États membres relatives aux garanties légales. Après amendement par la
commission, tout consommateur de l'Union disposera de deux ans pour se
plaindre d'une défectuosité (c'est-à-dire d'une non-conformité de la
marchandise au contrat de vente). Le vendeur devra dès lors offrir de
réparer gratuitement la marchandise ou de la remplacer. Si aucune de ces
options n'est possible, l'acheteur peut demander une réduction de prix ou la
rescision (annulation) du contrat. En cas de défectuosité mineure, le
vendeur doit commencer par offrir soit une réparation gratuite soit une
réduction de prix. Toutefois, les membres de la commission ont convenu que,
dans le cas de marchandises d'occasion, il peut être dérogé à ces droits si,
en raison de la nature spécifique des marchandises, une restriction
contractuelle se révèle justifiée.
La commission a également redéfini la notion de défectuosité afin de couvrir
l'aspect et la finition, ainsi que la sécurité et la durabilité. La
possibilité de réclamation est également ouverte en cas d'installation
incorrecte (par exemple de garde-robes) par le vendeur ou même - cette
disposition a été insérée par la commission - par le consommateur si des
instructions de montage erronées lui ont été fournies.
La commission a également insisté pour que le vendeur supporte tous les
frais encourus et que, dans le cas de vente à tempérament, les paiements
puissent être suspendus jusqu'à ce que la défectuosité soit réparée.
Toutefois, le vendeur pourra se retourner à son tour contre son fournisseur
ou le fabricant.
Comblant une lacune dans la proposition de la Commission, la commission
a inséré une disposition relative à l'obligation d'informer le consommateur
sur le service après-vente. Selon Mme KUHN, la proposition s'est heurtée à
l'opposition de l'industrie, qui affirme que le surcoût qui en résultera ne
pourra pas être supporté par le secteur vulnérable des biens de consommation
ou par les petits détaillants, et qu'il devra être répercuté sur le
consommateur sous la forme d'une hausse des prix.